Récrire l’Amérique : la peinture d’Edward Hopper mise en fiction

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2010

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Études françaises ; vol. 46 no. 1 (2010)

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Simone Grossman, « Récrire l’Amérique : la peinture d’Edward Hopper mise en fiction », Études françaises, ID : 10.7202/039820ar


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Dans Les enfants de Manhattan de Marie-Jeanne Méoule (Québec, L’instant même, 2006) et L’arrière-saison (Paris, Éditions Julliard, 2002) de Philippe Besson, la narration se développe à partir de Nighthawks (1942) et Western Motel (1957) d’Edward Hopper. Dans le roman de Besson, une femme en robe rouge, dramaturge, attend son amant dans le diner de Nighthawks, le café-tableau devenant le plateau d’un théâtre dans l’atmosphère de l’Amérique profonde, puritaine et conservatrice des années 1920. Méoule met en scène le peintre Hopper lui-même dans « Eddy », à travers l’Indien Mohawk, ancien ouvrier sur les chantiers des gratte-ciel devenu laveur de carreaux à la suite d’un accident. Assis au Phillies en compagnie de son amie en robe rouge, il fait face à un homme en costume et chapeau mou accompagné d’une femme rousse vêtue de rouge, dans une réduplication de Nighthawks. Dans « Georgia », de Méoule également, l’héroïne est Georgia O’Keefe, amie des Hopper. En plein désert du Nouveau-Mexique, elle voit surgir du paysage une vieille Amérindienne. L’analyse des fictions de deux auteurs non états-uniens mettra en évidence les différences de leurs réinterprétations narratives des tableaux de Hopper. Confirmant la portée sociocritique de Nighthawks transmettant à contre-courant une vision pessimiste de l’Amérique des années 1940, la vision hoppérienne est rendue dans sa déliquescence par Besson. Une critique implicite souligne le malaise existentiel de l’Amérique représenté à travers les valeurs négatives imprégnant les tableaux de Hopper, telles l’aliénation et la solitude. La même peinture vue du Québec par Méoule suscite une réflexion sur la vie des hommes dans le Nouveau Monde et donne lieu à une résurgence subversive de l’indianité en Amérique du Nord.

The novels Les enfants de Manhattan by Marie-Jeanne Méoule (Québec, L’instant même, 2006) and L’arrière-saison (Paris, Éditions Julliard, 2002) by Philippe Besson are inspired by Edward Hopper’s well-known paintings Nighthawks (1942) and Western Motel (1957). In Besson’s novel, a woman in a red dress, a playwright, awaits her lover at the Nighthawks’ diner, the coffee counter like a scene from a play in starkly conservative, puritanical America of the 1920s. In “Eddy,” Méoule casts Hopper himself, through the Mohawk Indian, a onetime highrise construction worker turned window washer after an accident. Seated at Phillies with his woman, he faces a man in suit and fedora accompanied by an auburn-haired woman also dressed in red, an obvious reduplication of Nighthawks. In Méoule’s “Georgia,” the heroine is Hopper’s friend Georgia O’Keefe. In the middle of the New Mexican desert she sees an aged American Indian materialize from the landscape. This examination of works by two non-American fiction writers points up their differing narrative re-interpretations of Hopper’s paintings. Affirming the socio-critical significance of Nighthawks, replete with a stubbornly pessimistic view of 1940’s America, Besson portrays decay in a Hopperian vision redolent of that time. This critique imbues America’s existential malaise with negative aspects like Hopper’s alienation and solitude. The same painting seen from Méoule’s québécois perspective reflects on men’s lives in the New World and suggests a subversive aboriginal resurgence in North America.

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