2002
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L'Annuaire théâtral : Revue québécoise d’études théâtrales ; no. 32 (2002)
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David Blonde, « Entre Oreste et Barbe-Bleue : la violence dans la scène familiale québécoise, 1981-2002 », L’Annuaire théâtral: Revue québécoise d’études théâtrales, ID : 10.7202/041510ar
La représentation sur une scène de la violence filiale remonte au théâtre grec, qui met en scène le meurtre de Clytemnestre dans l’Orestie d’Eschyle. Comme la trilogie d’Eschyle, diverses pièces québécoises créées dans les années 1980 et 1990 mettent en scène le meurtre symbolique de la mère (Vie et mort du roi boiteux de Jean-Pierre Ronfard, Soirée bénéfice pour tous ceux qui ne seront pas là en l’an deux mille de Michel Marc Bouchard), ce qui, d’un point de vue anthropologique, pourrait être envisagé comme marquant le passage d’une filiation matrilinéaire (Les belles-soeurs) à une filiation patrilinéaire. Cet article cherchera à montrer qu’à la différence du traitement mythologique de la violence, l’évolution de la violence dans la scène familiale québécoise ne saurait se réduire à l’opposition matrilinéaire/patrilinéaire, car, dès les années 1990, la structure verticale parents-fils cède peu à peu la place à une cellule horizontale qui renverse le pouvoir des parents. Comment les atteintes à l’ordre familial fictif se traduisent-elles sur les plans sociopolitique et esthétique?