2009
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Théologiques ; vol. 17 no. 2 (2009)
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Nicole Dubreuil, « Le dispositif de l’icône dans la peinture américaine de l’après-Deuxième Guerre mondiale : Le cas Barnett Newman », Théologiques, ID : 10.7202/044069ar
En prenant la production de Barnett Newman comme exemple, cet article examine la survivance d’une dimension iconique dans la peinture abstraite américaine de l’après-Deuxième Guerre mondiale. Les tableaux dits du champ coloré (color field paintings) qui, au cours des décennies 1950 et 1960, marquent l’apogée de la tendance moderniste à l’autodéfinition du médium, semblent de prime abord complètement étrangers à toute forme de signification religieuse. Non seulement ont-ils abandonné la figuration et, par voie de conséquence, l’iconographie chrétienne : ils travaillent même à effacer toute distinction formelle entre une figure et un fond dans le but d’établir le plan du tableau comme pure expansion chromatique. En tant qu’objets culturels, ces tableaux modernes ont le musée pour référence et les lois du marché comme indice de valeur. Notre étude veut cependant démontrer que certains de leurs aspects, une fixation sur la poursuite du grand sujet, un goût pour la frontalisation de l’image et pour les symétries bilatérales ainsi qu’un mode d’adresse particulier exploitant le rapport au format conservent des analogies avec la tradition des icônes, notamment avec le rôle central qu’y tient le concept de présence. Chez Barnett Newman, un artiste que son origine juive disposait à l’iconoclastie, la pratique d’un dessin réduit à sa plus simple expression mérite entre autres d’être confrontée aux débats théologiques byzantins entourant la circonscription.