2010
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Études littéraires ; vol. 41 no. 1 (2010)
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Élisabeth Le Corre, « « Et nous voilà comme le choeur antique » : les avatars du choeur dans le théâtre de Jean Anouilh », Études littéraires, ID : 10.7202/044574ar
Le théâtre de Jean Anouilh accorde une place essentielle au choeur antique en même temps qu’il le transforme et le remet en question. Le choeur est parfois méconnaissable : s’il apparaît sous son nom d’origine dans les réécritures de tragédies grecques (Antigone, Tu étais si gentil quand tu étais petit et Oedipe ou le roi boiteux), il est remplacé par un personnage familier de l’univers d’Anouilh dans les pièces ancrées dans un cadre plus contemporain : Lucien (Roméo et Jeannette), Tonton (Ne réveillez pas Madame) et l’orchestre (Tu étais si gentil quand tu étais petit) sont ses lointains héritiers. Le dramaturge prend également ses distances par rapport à son modèle antique par le moyen de la parodie : certains de ses personnages singent grotesquement le choeur plus qu’ils ne le remplacent. Enfin, Anouilh fait évoluer la fonction du choeur : spectateur et commentateur privilégié de l’affrontement entre les héros et les dieux, celui-ci devient aussi le porte-parole de l’auteur et de ses idées sur la tragédie. Il occupe ainsi un rôle déterminant dans le fonctionnement de la pièce.