2010
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Protée ; vol. 38 no. 3 (2010)
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Anaïs Frantz, « Les retours de la pudeur : Dans L’Affamée de Violette Leduc », Protée, ID : 10.7202/045619ar
L’Affamée (1948) est le deuxième récit que Violette Leduc publie aux éditions Gallimard. Bien qu’il soit dédié à Jacques Guérin, le texte apparaît comme une ode au nom caché de Simone de Beauvoir que l’auteure a aimée comme elle a aimé Jacques Guérin : c’est-à-dire sans retour. Or, L’Affamée ne raconte pas uniquement le renoncement de la narratrice à sa passion pour « Madame », il raconte aussi la passion de la narratrice pour le renoncement, inscrivant le récit non seulement dans la lignée augustinienne de la confession littéraire, mais encore en héritier de la poésie mystique dans la tradition de la théologie négative. Tout en usant de « tact » à l’endroit de la « pudeur » de « Madame », le monologue de L’Affamée devient en soi un moyen de connaissance, le texte donnant accès à une jouissance poétique. Ce sont « les retours de la pudeur », dont l’article analyse le travail auctorial, voire (aucto)biographique (du latin auctor qui signifie « celui qui augmente »).