Effects of Strike Participation on the Political Consciousness of Canadian Postal Workers

Fiche du document

Auteur
Date

1996

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Relations

Ce document est lié à :
Relations industrielles ; vol. 51 no. 3 (1996)

Collection

Erudit

Organisation

Consortium Érudit

Licence

Tous droits réservés © Département des relations industrielles de l'Université Laval, 1996



Citer ce document

Tom Langford, « Effects of Strike Participation on the Political Consciousness of Canadian Postal Workers », Relations industrielles / Industrial Relations, ID : 10.7202/051117ar


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

Les marxistes ont longtemps soutenu que les grandes grèves provoquent une « explosion » de la conscience de classe chez les ouvriers. Leurs critiques ont, pour leur part, affirmé que le contexte politico-économique de la grève, le déroulement et l'issue de celle-ci ainsi que les caractéristiques des grévistes détermineront plutôt si une telle explosion se produira ou non, ou à tout le moins dans quelle mesure elle se produira. En plus d'examiner quelques-unes des faiblesses de la thèse « explosionniste », cet article présente des hypothèses inspirées par les débats sur la question, et les vérifie à la lumière des résultats d'une étude de cas consacrée à la grève menée en 1987 par le Syndicat des postiers du Canada (SPC). Les données proviennent de trois sources : deux entrevues structurées auprès d'un échantillon stratifié, obtenu par la méthode des quotas, de 45 membres de la section locale du SPC à Hamilton (l'une réalisée au moment de la grève et l'autre en janvier 1988, trois mois après la fin de la grève) ; l'observation participante aux piquets de grève et au quartier général des grévistes ; et des discussions intensives avec deux informateurs clés, membres du comité exécutif de la section locale de Hamilton. Selon l'hypothèse 1, dans les régimes démocratiques de type parlementaire et à suffrage universel, l'intervention de l'État dans les conflits de travail entraînera une remise en question de l'autorité du parti au pouvoir, mais pas celle des institutions fondamentales de l'État lui-même. Lors de la grève du SPC en 1987, les Libéraux et les Néo-Démocrates se sont vigoureusement opposés à ce que le gouvernement adopte une loi ordonnant le retour au travail. Les grévistes ont donc contesté l'autorité du Parti conservateur, mais ils n'ont remis en question ni la légitimité du Parlement ni celle du système des partis politiques. Ce qu'il faut surtout retenir dans ce cas, c'est que la légitimité de l'État a été activement renouvelée pendant la grève. Ce phénomène laisse supposer que l'intervention de l'État dans une grève peut provoquer une remise en question de la légitimité de l'appareil étatique lorsque les partis d'opposition sont faibles, inefficaces ou insensibles aux intérêts des travailleurs, lorsque le gouvernement est en mesure de prendre des mesures répressives sans l'assentiment du parlement ou encore lorsque le parlement a relativement peu de pouvoir vis-à-vis du gouvernement.Selon l'hypothèse 2, les travailleurs en grève tendront moins à s'identifier à la classe ouvrière si leur grève ne reçoit pas l'appui des autres syndicats et de leur communauté. En réalité, même si les membres de la section locale du SPC à Hamilton ont reçu peu d'appuis aux piquets de grève, seule une petite minorité d'entre eux (14 pour cent) ont exprimé des attitudes plus négatives à l'égard du mouvement syndical ; 30 pour cent ont même exprimé des attitudes plus positives. Plusieurs membres du SPC ont déclaré mieux comprendre les luttes d'autres travailleurs en raison de la grève qu'ils ont eux-mêmes menée.Là où les divers auteurs qui ont écrit sur la question s'entendent sans doute le moins, c'est pour savoir si la thèse de l'explosion de la conscience s'applique aussi bien aux grèves victorieuses qu'aux grèves qui échouent. Marx et Engels croyaient que le développement de la conscience et de l'organisation de la classe ouvrière progressait inexorablement, même si la plupart des luttes ouvrières n'atteignaient pas leurs objectifs. Selon l'hypothèse 3a, les travailleurs auront moins tendance à changer d'attitude à la suite d'une grève qu'ils ont perdue qu'à la suite d'une grève victorieuse. L'hypothèse 3b affirme que les travailleurs seront peu portés à se comporter de manière militante à la suite d'une grève qui a échouée. En effet, le niveau de militantisme était très faible pendant les mois qui ont suivi la grève à Hamilton. Cependant, la majorité des travailleurs ont été amenés par le déroulement de la grève à adopter une attitude négative à l'égard des groupes extérieurs (briseurs de grève, police, cadres locaux des Postes et Conservateurs fédéraux), ce qui semble indiquer que le changement quant au sentiment d'opposition sera sensiblement le même que la grève soit victorieuse ou non. Une version révisée de l'hypothèse 3a affirme que le sentiment d'appartenance de classe sera beaucoup plus faible si la grève échoue que si elle réussit.Selon l'hypothèse 4, plus un travailleur participe activement à une grève, plus ses attitudes politiques changeront. Cette hypothèse est validée en partie par les données provenant d'un échantillon excluant les militants de longue date. Plus la participation était forte, plus les travailleurs se sont montrés optimistes quant à l'issue de la grève, plus leurs attitudes à l'égard du mouvement syndical et des autres travailleurs étaient positives et plus ils ressentaient de la colère à l'égard des briseurs de grève. Par contre, la participation n'a influé que marginalement sur les changements d'attitudes à l'égard de trois groupes extérieurs clés, soit la police, les cadres locaux des Postes et le gouvernement fédéral du Parti conservateur.Selon l'hypothèse 5, il existe une relation inverse entre l'expérience antérieure des luttes ouvrières et les changements sur le plan de la conscience politique. Cette hypothèse est également validée en partie. En raison de leur niveau de conscience de classe plus élevé, les vieux militants avaient moins tendance à développer des attitudes négatives à l'égard des cadres locaux des Postes et des Conservateurs fédéraux, à se sentir découragés par l'issue de la grève ou à percevoir un changement modéré ou majeur dans les attitudes. Cependant, ils étaient plus portés à donner des évaluations positives de leurs camarades de travail et du syndicat local, de toute évidence parce que leur identité personnelle était fortement liée à la section locale du SPC à Hamilton. Cette observation va dans le sens de l'hypothèse 6, selon laquelle une explosion de la conscience vis-à-vis du groupe auquel on appartient est plus probable chez les grévistes qui s'identifient déjà au groupe.L'article conclut en expliquant pourquoi les travaux futurs sur la thèse de l'explosion de la conscience de classe doivent se faire dans des contextes variés. Il insiste enfin sur l'importance pour les chercheurs de bien maîtriser le cadre théorique et d'exploiter à fond la recherche systématique existante, y compris les expériences sur les conflits intergroupe.

Marxists have long argued that major strikes produce an explosion of workers' class consciousness. This article discusses some weaknesses of the explosion-of-consciousness thesis, and tests research hypotheses using data from a case study of the 1987 strike by the Hamilton local of the Canadian Union of Postal Workers. A major finding is that an increase in a postal worker's negative attitudes toward out-groups did not necessarily go hand in hand with an increase in that striker's positive identifications with in-groups such as fellow workers, the local union and the labour movement. This supports treating the in-group and out-group dimensions of class consciousness as distinct. A second finding supports the hypothesis that an explosion of in-group consciousness due to inter-group conflict is more likely to occur among workers who are already identified with the in-group.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en