2010
Ce document est lié à :
McGill Law Journal ; vol. 55 no. 3 (2010)
Copyright © DerekMcKee, 2010
Derek McKee, « The Public/Private Distinction in Roncarelli v. Duplessis », McGill Law Journal / Revue de droit de McGill, ID : 10.7202/1000620ar
On se souvient de l’affaire Roncarelli c. Duplessis pour les limites qu’elle a imposées au pouvoir public. En imposant ces limites, toutefois, l’arrêt s’est largement basé sur des distinctions public/privé héritées du libéralisme classique du dix-neuvième siècle. Les juges ont invoqué ces distinctions afin d’identifier le préjudice subi par Roncarelli, de prendre en considération les raisons pour lesquelles le pouvoir discrétionnaire pouvait valablement être exercé et de déterminer si Duplessis avait excédé son autorité.L’auteur soutient que cette prolifération des concepts public/privé reflète l’indétermination générale sur ces idées dans la pensée juridique libérale. Bien que la distinction État/société civile soit au cœur des notions libérales du public et du privé, elle coexiste avec d’autres distinctions telles que marché/famille, civilisation/État et, au Canada, dominion/province. Ces nombreux sens des concepts de public et de privé se renforcent mutuellement. Ils entretiennent également des mythes quant au caractère naturel, consensuel et neutre de la sphère privée, faisant en sorte qu’il est plus difficile de concevoir l’exercice d’un contrôle sur le pouvoir privé. Si les conceptions du public et du privé ont évolué depuis la fin du dix-neuvième siècle (et depuis 1959), elles font preuve d’une persistance remarquable. Les distinctions public/privé sont à l’œuvre en droit administratif contemporain et dans les débats cherchant à déterminer quels organismes et quelles décisions sont susceptibles de révision judiciaire sur des bases d’équité procédurale.