2010
Ce document est lié à :
McGill Law Journal ; vol. 55 no. 4 (2010)
Copyright © Marie-EveSylvestre, 2010
Marie-Eve Sylvestre, « Rethinking Criminal Responsibility for Poor Offenders: Choice, Monstrosity, and the Logic of Practice », McGill Law Journal / Revue de droit de McGill, ID : 10.7202/1000785ar
Sur les plans théorique et discursif, les notions de libre arbitre, de choix et de différence constituent les fondements de la théorie de la responsabilité pénale et de la légitimité du pouvoir de punir en droit canadien. Or, dans les faits, la doctrine juridique est construite et appliquée de manière essentiellement technique et descriptive : elle fait abstraction des considérations pratiques, renvoie à des arguments utilitaires et s’appuie sur une vision réductrice de la liberté, de la rationalité et de la différence. Certaines propositions ont récemment été mises de l’avant afin de renforcer le modèle rétributiviste (par exemple en incluant dans l’analyse des considérations telles que les disparités sociales et économiques ainsi que les rapports de pouvoir), ou encore de le remplacer par un modèle utilitariste. Cependant, ces propositions reposent sur une conception de la rationalité, de la liberté et de l’égalité qui est largement contestée sur le plan sociologique. Leur potentiel de réforme est limité.Dans cet article, l’auteure se fonde sur l’œuvre de Bourdieu, ainsi que sur celle d’autres théoriciens de la pratique, afin de reconsidérer le sens des notions de choix et de différence, deux composantes essentielles de la responsabilité. Elle propose en conclusion certaines modifications à la théorie pénale afin de tenir compte de ces données sociologiques et démontre quel serait l’impact de celles-ci en ce qui concerne les contrevenants les plus pauvres.