La critique et la disparition de son objet

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1996

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Cinémas : Revue d'études cinématographiques ; vol. 6 no. 2-3 (1996)

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Gilles Thérien, « La critique et la disparition de son objet », Cinémas: Revue d'études cinématographiques / Cinémas: Journal of Film Studies, ID : 10.7202/1000977ar


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La critique cinématographique a fort à faire lorsqu’il lui faut parler du cinéma actuel. Au plan de la technique, on ne produit plus de mauvais films et l’objet-film a une tendance à devenir neutre au plan esthétique. Il doit s’adapter à trop de normes, à trop de médias de diffusion. Il ne reste plus que l’histoire, le récit qu’il faut critiquer sans le dévoiler. Les grandes maisons de production accompagnent leur diffusion de dossiers étoffés sur les films qui fournissent à la critique tout ce qu’il faut savoir sur le produit sans avoir à faire de recherche. La critique publique est condamnée à l’inefficacité et elle doit chercher du côté de la critique spécialisée, universitaire ou non, un complément de savoir. Or, même la critique universitaire est obnubilée par les procédés narratifs. Aussi faut-il consentir un effort particulier pour redonner à la critique un rôle, une fonction à l’endroit du cinéma. La question est discutée à travers l’analyse d’un cas particulier, mais exemplaire, Schindler’s List de Steven Spielberg. C’est à travers une forme de variation critique que ce film peut éveiller chez le critique et le spectateur un jugement qui va au-delà de l’histoire racontée. Il y retrouve alors un film inquiétant, étrange malgré les prix et les distinctions dont il a été inondé.

Film criticism faces a heavy task when it comes to the discussion of current cinema. On the technical level, there are no longer any badly made films, and the filmic object has a tendency to become neutral on the esthetic level. It must now adapt itself to too many norms, to too many forms of diffusion. All that remains is the story, the plot, which must be criticized without being revealed. The big production companies send out thoroughly documented press kits on their films, which supply the critic with everything there is to know about the product so that there is no need for research. Public criticism is condemned to inefficiency and has to look to specialized criticism, academic or otherwise, for additional information. But even academic criticism is clouded by narrative procedures. Should we therefore undertake a special effort to restore to criticism its role, its function with respect to cinema? This issue is discussed in an analysis of one particular, exemplary case, Steven Spielberg's Schindler's List. By means of a form of critical variation, this film succeeds in awakening in both the critic and the spectator a judgment that goes beyond the story it tells. It is thus a disturbing film, alien despite the many prizes and honours with which it was crowned.

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