La coévolution du « vol d’identité » et des systèmes de paiement

Résumé Fr En Es

Dans un article devenu un classique de la criminologie, Edwin Sutherland soulignait dès 1940 les bénéfices réciproques que pourraient tirer les économistes et les criminologues d’une meilleure intégration de leurs connaissances. Bien que son invitation à l’interdisciplinarité porte avant tout sur le crime en col blanc, d’autres formes de délinquance se prêtent également particulièrement bien à une telle démarche, au premier rang desquelles figure le « vol d’identité ». Après avoir examiné dans la première partie de cet article les ambiguïtés et les paradoxes qui pèsent sur les analyses contemporaines du « vol d’identité », je propose dans la seconde partie un cadre d’analyse alternatif qui repose sur le concept de coévolution et liant le « vol d’identité » tel que nous le connaissons aujourd’hui au développement de nouveaux moyens de paiement à partir de la fin des années 1950. À l’aide de données historiques et économiques, je montre comment cette transformation fondamentale des habitudes de consommation a contribué à l’émergence de nouvelles opportunités criminelles, au développement de mécanismes de sécurité et de procédures privées de règlement des conflits, ainsi qu’au déclin d’autres formes de délinquance.

In one of his classical articles, Edwin Sutherland highlighted as early as 1940 the mutual benefits that economists and criminologists could derive from a better integration of their knowledge. Although his interdisciplinary invitation was aimed at white collar crime, other forms of delinquency are particularly well suited to a similar approach, “identity theft” being among them. After having examined in the first section of this article the ambiguities and paradoxes that apply to contemporary analyses of “identity theft”, I offer an alternative analytical framework that relies on the concept of coevolution between « identity theft » as we know it and the development of a new payment system from the late 1950s. By using historical and economics data, I show how this fundamental transformation in consumer habits contributed to the emergence of new criminal opportunities, the development of new security measures and private conflict resolution procedures, as well as the decline of other types of crimes.

En un artículo que se volvió un clásico de la criminología, Edwin Sutherland destacó en 1940 los beneficios recíprocos que podrían obtener los economistas y los criminólogos con una mejor integración de sus conocimientos. Si bien esta invitación se orientó principalmente al crimen de cuello blanco, otras formas de delincuencia se prestan bien a dicha interdisciplina, en primer lugar de las cuales figura el “robo de identidad”. Luego de analizar en la primera parte las ambigüedades y paradojas que pesan en los análisis contemporáneos del “robo de identidad”, en la segunda parte se propone un marco de análisis alternativo apoyado en el concepto de la coevolución, que vincula dicho robo, como lo conocemos ahora, con el desarrollo de nuevas formas de pago a partir del final de los años 1950. Con apoyo en datos históricos y económicos se ilustra cómo esta transformación fundamental de los hábitos de consumo ha contribuido al surgimiento de nuevas oportunidades criminales, al desarrollo de nuevos mecanismos de seguridad y procedimientos privados de solución de conflictos, así como a la disminución de otras formas de delincuencia.

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