Démocratie et communauté politique supranationale

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1997

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Cahiers de recherche sociologique ; no. 28 (1997)

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Gilles Bourque et al., « Démocratie et communauté politique supranationale », Cahiers de recherche sociologique, ID : 10.7202/1002531ar


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Ce texte tente d’expliquer pourquoi on assiste actuellement à un pourrissement de l’espace public et à une « ethnicisation » des rapports sociaux au Québec. L’évocation de la primauté du droit et l’affirmation des droits des minorités s’inscrivent dans le mouvement de judiciarisation des rapports sociaux et de constitutionnalisation des droits, mouvement propre à la situation du Canada après 1982. Ainsi, une série de choix politiques effectués au Canada ont eu pour effets de fragmenter les identités et de soumettre les instances législatives au tribunal. On assiste dès lors à la naissance d’une citoyenneté particulariste d’inspiration bioculturelle et à une régression des débats démocratiques dans un espace qui n’est plus qu’un lieu d’affrontement des droits particularistes. Après avoir montré comment cette situation esquive la question, fondamentale en démocratie, de la communauté politique, les auteurs analysent les situations canadienne et québécoise. Le Canada, transformé en une communauté juridique, se voit empêché de construire une véritable communauté politique pancanadienne, alors que le Québec arrive difficilement à faire s’épanouir une culture politique francophone commune au sein d’une société désormais pluriculturelle et multinationale. Les auteurs proposent, face à l’urgence actuelle de la démocratie à l’échelle planétaire, de réinventer la communauté politique sur une base plus large et de repenser l’exercice de la démocratie dans des institutions supranationales fondées sur la pérennité d’unités de base nationales.

This paper attempts to explain why we are presently witnessing the decay of the public space and the "ethnicization" of social relations in Quebec. The appeal to the right of law and minority rights are inscribed in a trend toward the judicialization of social relations and the constitutionalization of rights, a trend specific to the post-1982 Canadian context. In this regard, a series of political choices made in Canada have led to the fragmentation of identities and the submission of legislative bodies to the courts. With this, we have begun to witness the birth of a particularist, biocultural type of citizenship and a regression of democratic debate within a space that is no more than a site for the confrontation of particularist rights. After having shown how this situation skirts the fundamental democratic issue of a political community, the authors examine the Canadian and Quebec situations. Transformed into a judicial community, Canada is inhibited from constructing a true pan-Canadian political community, while Quebec is experiencing difficulty in giving life to a viable, shared Francophone political culture within a society which has become pluricultural and multinational. In light of this current global crisis of democracy, the authors propose the reinvention of the political community on a broader basis and a rethinking of the exercise of democracy within supranational institutions predicated on the durability of individual national units.

Este texto intenta explicar por qué nos encontramos confrontados actualmente a un deterioro del espacio público y a una «etnicización» de las relaciones sociales en el Quebec. La evocación de la primacía del derecho y la afirmación de los derechos de las minorías se inscriben en el movimiento de judicialización de las relaciones sociales y de constitucionalización de los derechos, movimiento propio a la situación de Canadá luego de 1982. Una serie de decisiones políticas efectuadas en Canadá han producido una fragmentación de las identidades y han sometido las instancias legislativas al tribunal. Nos encontramos a partir de allí frente al nacimiento de una ciudadanía particularista de inspiración biocultural y a una regresión de los debates democráticos en un espacio que no es más que un lugar de confrontación de los derechos particularistas. Luego de haber mostrado cómo esta situación elude la cuestión, fundamental en democracia, de la comunidad política, los autores analizan la situación canadiense y quebequense. Canadá, transformado en una comunidad jurídica, es incapaz de construir una verdadera comunidad política pan-canadiense, mientras que el Quebec desarrolla dificultosamente una cultura política francófona común en una sociedad pluricultural et multinacional. Los autores proponen, frente a la urgencia actual de la democracia en el mundo, reinventar la comunidad política sobre una base más amplia y pensar el ejercicio de la democracia dentro de las instituciones supranacionales fundadas en la continuidad de las unidades nacionales.

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