2003
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Intermédialités : Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques ; no. 2 (2003)
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Johanne Villeneuve, « La symphonie-histoire d’Alfred Schnittke : Intermédialité, cinéma, musique », Intermédialités: Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques / Intermediality: History and Theory of the Arts, Literature and Technologies, ID : 10.7202/1005454ar
Cet article propose, dans un premier temps, une définition de l’intermédialité fondée sur les « qualités médiatiques ». Dans un deuxième temps, il prend pour exemple la Symphonie nº 1 d’Alfred Schnittke, composée à partir d’archives cinématographiques du XXe siècle. La complexité archéologique du travail musical de Schnittke tient à deux effets qui ne sont pas étrangers l’un à l’autre : le sens de l’intrigue qui pénètre ces compositions musicales, et la dimension archivistique qui, de la matérialité des films en tant que « documents de travail », passe dans la musicalité. Ce travail s’organise autour de deux axes narratifs : une impossible histoire de la musique en miroir d’une impossible histoire humaine; une mise en intrigue intermédiatique et souterraine dont le pôle d’attraction est l’indescriptible événementialité de la Seconde Guerre mondiale. Le croisement de la narrativité musicale et de la narrativité cinématographique y fait apparaître des « enchantements » qui tiennent aux « traces de l’oralité », soit aux qualités médiatiques du son et à la performance des corps. La narrativité historique se trouve alors critiquée et renversée par la transfiguration vivante de la technique.