2007
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Intermédialités : Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques ; no. 10 (2007)
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Valeria Wagner, « Marx, Wittgenstein et l’amante du mage : remarques sur la disparition, l’évidence et le pouvoir », Intermédialités: Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques / Intermediality: History and Theory of the Arts, Literature and Technologies, ID : 10.7202/1005550ar
Un mage fait disparaître la tour Eiffel devant une foule étonnée, mais son amante résiste à son charme, et s’inquiète de l’usage que l’on pourrait faire de ce pouvoir singulier. Comment, et pourquoi, l’amante voit-elle, alors que les autres ne voient pas? Comment, en définitive, résister comme elle au pouvoir trompe-l’oeil, délocalisé et trans-personnel, qui agit par la perception plutôt que par la force, en changeant les contours du paraître? Ces questions sont poursuivies d’après certaines lignes de réflexion parallèles de Marx et de Wittgenstein, qui s’étendent sur les dangers que l’amante du mage pressent dans cet art de la disparition. Les deux philosophes se posent comme les témoins qui « voient » à travers les actes d’illusionnisme qui déforment, pour l’un, notre perception des relations sociales et de leur lien aux rapports de production, et pour l’autre, notre compréhension des formes d’expression et de leur imbrication dans les formes de vie qui leur donnent sens. Et, comme l’amante du mage, ils « voient » dans ces disparitions et apparitions des enjeux considérables, autant pour le « public » que pour les acteurs de ces spectacles quotidiens, puisqu’ils impliquent le transfert du pouvoir des agents à des instances désincarnées ou mystérieusement animées.