2007
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Intermédialités : Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques ; no. 10 (2007)
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Jean-Louis Déotte, « La vidéo à l’épreuve de la disparition (Julieta Hanono, Fiorenza Menini) », Intermédialités: Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques / Intermediality: History and Theory of the Arts, Literature and Technologies, ID : 10.7202/1005555ar
La disparition politique — qui n’est pas encore un concept pour les sciences dites politiques — est un événement paradoxal : par définition, il n’y aura pas de témoins et les perpétrateurs ne parleront pas. C’est un engloutissement sans traces. Les deux vidéos étudiées de J. Hanono et de F. Menini redoublent le paradoxe parce que l’appareil vidéo, à la différence du cinéma, permet difficilement que le spectateur enchaîne sur l’oeuvre qui enkyste le maintenant d’une phrase-affect (Lyotard). Cette phrase-affect est ce qui subsiste d’un tel vécu traumatique, soit que la vidéaste ait vécu de l’intérieur sa propre disparition, soit qu’elle ait été témoin d’une destruction de masse. L’enjeu de ces vidéos est alors de rejoindre le maintenant passé du trauma, en luttant contre la répétition de la pulsion de mort (Freud) par la mise en place d’une représentation vidéographique.