2011
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Études françaises ; vol. 47 no. 2 (2011)
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Michel Biron, « Il est permis de rire : Note sur le roman québécois des années 1960 », Études françaises, ID : 10.7202/1005653ar
Dans Le roman à l’imparfait (1976), Gilles Marcotte conclut l’analyse d’Une saison dans la vie d’Emmanuel de Marie-Claire Blais par ces mots : « On peut rire, c’est permis. » Que signifie ce rire ? Comment se fait-il que ce rire soit si peu évident qu’il faille le faire apparaître, le révéler au lecteur, comme s’il n’était pas immédiatement perceptible ? Cet article pose cette question à partir du roman de Marie-Claire Blais, mais aussi du Libraire de Gérard Bessette et du Ciel de Québec de Jacques Ferron. Il postule que le rire qui sous-tend le roman québécois de la Révolution tranquille ne saurait se ramener à la définition du rire « carnavalesque » proposée par Mikhaïl Bakhtine et reprise par André Belleau et plusieurs autres critiques québécois. À l’instar de Pierre Popovic qui remet en cause la transposition de la notion de « carnavalesque » dans le contexte de la littérature contemporaine, la lecture développée ici rappelle à quel point le rire, dans les romans analysés, repose sur une distanciation ironique peu compatible avec l’idée de renversement carnavalesque. Il s’agit d’un « rire de tête » plus que d’un « rire de fête ». Un tel humour est aussi difficilement indexable sur l’idéologie nationaliste, car il renvoie l’individu à sa singularité et marque tout ce qui le sépare de sa collectivité. En cela, il permet de mesurer la liberté que se donne le roman québécois à l’égard des mots d’ordre de la Révolution tranquille.