2011
Ce document est lié à :
Protée ; vol. 39 no. 1 (2011)
Tous droits réservés © Protée, 2011
Samuel Archibald, « Vraie fiction et faux documents : Notes éparses sur l'assassinat de Bill Gates », Protée, ID : 10.7202/1006729ar
L’objectif de cet article est d’opérer une lecture au-dedans et au-dehors de la fiction mise en place par le cinéaste Brian Flemming dans son documentaire Nothing So Strange (GMD Studios, 2002), ainsi que dans les documents d’archive et les artéfacts web produits en son sillage. L’univers Nothing So Strange s’attache à décrire l’un des événements historiques les plus importants à n’avoir pas eu lieu au xxe siècle : l’assassinat du président de Microsoft Bill Gates. Nous tenterons de voir comment une grande oeuvre participative (au sens de Jenkins) s’est développée à partir du film de Flemming, témoignage hyperréaliste issu d’un univers parallèle ; comment cinéastes, spectateurs et internautes ont détourné la capacité documentaire de l’archive filmique et numérique afin de se réapproprier la figure historique du complot meurtrier et fournir à la fiction un grand déploiement tentaculaire. Nous interrogerons également les enjeux éthiques et esthétiques de cette stratégie, que Flemming lui-même qualifie de piratage de la réalité («reality-hacking»).