2011
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Études littéraires ; vol. 42 no. 1 (2011)
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Philippe Willocq, « Ombres et lumières. Architecture énonciative dans Le pays (2005) de Marie Darrieussecq », Études littéraires, ID : 10.7202/1007160ar
L’architecture d’un roman dépend généralement de certaines contraintes, telles que l’énonciation, les personnages, l’intrigue et la dimension spatio-temporelle de l’ensemble. Ces quatre perspectives construisent ainsi une oeuvre dont la cohérence répond au subtil équilibre de leur combinaison. Mais que se passe-t-il lorsque l’une ou plusieurs de ces composantes sont délibérément biaisées ? L’édifice textuel deviendrait-il alors un objet purement formel dont le contenu ne serait là que pour étayer les idées ou l’idéologie de son auteur ? Le pays (2005) de Marie Darrieussecq dessine en filigrane cette problématique. L’intrigue, la dimension spatio-temporelle et les personnages y sont aisément identifiables. Toutefois, l’énonciation pose problème par un chevauchement de voix dont les entrelacs offrent une consistance remarquable. Le paradoxe de ce texte, à la fois débridé et construit, lui confère une puissance d’énonciation qui, bien au-delà du fait diégétique, contribue à l’architecture réflexive du roman. Une architecture réflexive donc, mais sous l’éclairage d’une énonciation faite d’ombres et de lumières.