2011
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Protée ; vol. 39 no. 2 (2011)
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Simon Kim, « Démystification du signe et destruction du sens dans le kōan zen », Protée, ID : 10.7202/1007168ar
À la différence du zazen, la forme méditative du zen la plus connue, qui cherche à annihiler le rapport aux choses terrestres par le retrait dans la méditation (assise), le ko̅an zen choisit d’emprunter aux « choses terrestres » pour mieux en libérer l’esprit. Le ko̅an zen, en effet, se caractérise par son recours au langage en des phrases qui ne font pas sens (du type « Qu’est-ce que la Voie ? » – « Oui. ») ; autrement dit, les « devinettes » et autres « historiettes absurdes » que propose le ko̅an zen à ses pratiquants utilisent le signe, mais pour mieux le démystifier et défaire tous les liens qui le rattachent au sens. Il s’agit de dérouter non pas tant pour révéler l’absurdité ou le vide de toute pensée (langagière), mais surtout pour bousculer l’esprit dans son carcan de signification dans le but de l’amener à accéder au « non-moi (wu-wo) », à la « non-pensée (wu-nian) » qui sont autant de définitions négatives de l’illumination bouddhiste. Si le monde est conçu comme un langage, pour emprunter la formule de Lacan, le ko̅an zen propose une sortie du monde par la destruction du sens, afin d’ouvrir l’esprit à la vérité du « non-mental (wu-nian) », soit à l’éveil. On observera donc la stratégie du signe employée dans ces ko̅an par les maîtres zen pour sortir l’esprit de ses habitudes.