2011
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Études littéraires ; vol. 42 no. 1 (2011)
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Monia Kallel, « Sand et Djebar : sur la voie (voix) de Shéhérazade », Études littéraires, ID : 10.7202/1007177ar
En partant des travaux récents sur la notion fort complexe de voix (émission sonore, pensée silencieuse, mode d’existence, et « souffle » créatif), l’article se propose d’examiner deux romans, Consuelo de George Sand (1844) et Loin de Médine (1991) d’Assia Djebar. L’aventure littéraire des deux romancières prend son origine dans la tradition lyrique (qui remonte à Platon et passe par Rousseau), et s’articule sur le mode de la perte conformément à la tradition (occidentale et orientale) incarnée par de nombreuses figures féminines (Shéhérazade, Ondine, Orphée, Marsyas, Mélusine). Les deux femmes croient au pouvoir de la parole, libératrice, unificatrice et re-fondatrice du monde plein des origines. Cette foi commune se traduit par l’omniprésence de la voix (organe, schème et métaphore de l’écriture) et l’attention portée aux vibrations du corps. Les deux fictions contreviennent aux lois traditionnelles de la mimesis proposant ainsi une autre voie (voix) de l’engagement (éthique et esthétique).