2011
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Frontières ; vol. 23 no. 2 (2011)
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Isabelle Percebois, « Le cadavre dans la littérature fantastique : La place du corps dans Frankenstein de M. Shelley et Le Rêve du docteur Mišić de K.S. Gjalski », Frontières, ID : 10.7202/1007583ar
Au XIXe siècle, la littérature fantastique exploite le thème de la mort et devient une véritable littérature du cadavre. Dans des oeuvres telles que Frankenstein de Mary Shelley ou Le Rêve du docteur Mišić de K.S. Gjalski, les corps errent entre la vie et la mort et s’animent sous la plume des écrivains. Ces récits substituent le cadavre au traditionnel revenant et délaissent le surnaturel pour puiser l’horreur dans la réalité : le corps inerte y apparaît comme un objet de recherches scientifiques et fait du cimetière l’antichambre du laboratoire. À travers l’histoire du docteur Frankenstein et du docteur Mišić, le lecteur découvre la face sombre d’un siècle scientiste où la dépouille, devenue simple marchandise, se négocie et s’expose dans les salles de dissections. Les amphithéâtres des universités font ainsi de la mort un spectacle où les savants se prennent pour Dieu ; mais en défiant l’interdit et en brisant le tabou entourant le cadavre pour dévoiler les secrets de la nature, les héros fantastiques encourent un châtiment mortel.