2011
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Recherches sociographiques ; vol. 52 no. 3 (2011)
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Gilles Labelle, « La Révolution tranquille interprétée à la lumière du « problème théologico-politique » », Recherches sociographiques, ID : 10.7202/1007661ar
La plupart des travaux visant à saisir la dynamique de la Révolution tranquille, ses origines et son évolution, ont accordé assez peu d’importance à la question posée par la prégnance du catholicisme puis par son déclin dans la société québécoise – cela, du moins, jusqu’à ce qu’une nouvelle génération de chercheurs pose la tradition personnaliste chrétienne au coeur de la généalogie intellectuelle des événements. Les propositions que je soumets ici s’inscrivent dans le sillage de ces derniers travaux tout en ayant la prétention d’opérer une sorte de déplacement par rapport à eux : si elles partagent le souci de tenir compte de l’héritage légué par le catholicisme pour comprendre la Révolution tranquille et ses suites, elles proposent d’aborder celles-ci d’une perspective autre que généalogique, c’est-à-dire à partir de ce que je désigne comme le « problème théologico-politique ». Après un bref exposé des fondements de la « métaphysique de l’hétéronomie » telle qu’elle s’exprime dans l’oeuvre de Groulx, j’examine plus longuement les fondements de la « métaphysique de l’autonomie » telle qu’elle s’exprime à partir de 1960 en particulier dans le personnalisme, dans la pensée de la décolonisation et le marxisme et dans la contre-culture. Enfin, j’examine les effets de l’héritage légué par la contre-culture et la « colère antithéologique » à laquelle elle s’est arrimée dans un contexte où le libéralisme semble vouloir se poser comme une sorte d’horizon indépassable de la société québécoise.