2011
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Sociologie et sociétés ; vol. 43 no. 2 (2011)
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Christine Fassert, « Tout ce qui compte ne peut être compté : La (non-) fabrication d’un indicateur de sécurité dans le contrôle aérien », Sociologie et sociétés, ID : 10.7202/1008246ar
Sur la scène statistique, les indicateurs occupent désormais une place de choix, et lorsque leur ambition est de mesurer des aspects par nature intangibles, ils font souvent l’objet d’âpres discussions. L’histoire et les déboires de l’élaboration, sur le plan européen, d’un indicateur de sécurité dans un domaine à risque (le contrôle de la navigation aérienne) montrent les difficultés épistémiques (que peut-on mesurer ou quantifier ?) et politiques (à quelles conditions peut-on rendre des chiffres publics ?) liées à un objectif (la sécurité aérienne) qui est la raison d’être des organismes de contrôle de la navigation aérienne. Dans la lignée de la sociologie de la statistique d’Alain Desrosières, nous analysons cette histoire de recherche d’accord sur les conventions, qui devient celle d’une renonciation à quantifier (tout ce qui compte ne peut être compté…) et nous proposons ainsi d’ouvrir une histoire des échecs, du renoncement, et de la résistance à la quantification.