« La force, qui trace les frontières, est-elle habile à disposer des peuples ? » : Guerre et histoire dans le théâtre d’André Ricard

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2012

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Voix et Images ; vol. 37 no. 2 (2012)

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Lucie Robert, « « La force, qui trace les frontières, est-elle habile à disposer des peuples ? » : Guerre et histoire dans le théâtre d’André Ricard », Voix et Images, ID : 10.7202/1008578ar


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Parle-t-on de la même manière d’une guerre coloniale, d’une guerre civile et d’une guerre mondiale ? D’une guerre qui se déroule ici et d’une guerre qui se déroule ailleurs ? Chaque guerre a ses enjeux propres, en effet, et chacune reconfigure autrement l’espace de son origine et celui de sa résolution. Je prendrai ici pour exemple la trilogie d’André Ricard qui les aborde toutes : la guerre de Sept Ans, qui s’est soldée par l’abandon de la Nouvelle-France ; la guerre civile qu’ont failli devenir les deux rébellions de 1837 et 1838 ; la Deuxième Guerre mondiale, à laquelle se sont opposés massivement les Canadiens français, bien que des bataillons de volontaires y aient participé. Écrite et publiée sur vingt-cinq ans, la trilogie, composée de La longue marche dans les Avents, du Tréteau des apatrides et de Gens sans aveu, porte aussi en elle les marques de l’histoire contemporaine du théâtre comme celles de la démarche singulière d’un auteur dramatique peu joué et dont l’écriture conquiert progressivement son autonomie en regard de la scène. Ricard nous convie à une relecture de l’histoire du Québec, où chaque guerre reconfigure l’identité nationale.

Are there differences in the way people talk about a colonial war, a civil war and a world war? Or between a war that happens here and one that takes place somewhere else? Each war has its own issues, and each reconfigures in its own way the space of its origin and the space of its resolution. I will take as an example André Ricard’s trilogy, which deals with all of the above: the Seven Year War ending with the abandonment of New France by the metropolis; the civil war to which the two rebellions of 1837 and 1838 almost led; the Second World War, to which French Canadians were massively opposed, although battalions of volunteers did participate. Written and published over twenty-five years, the trilogy, consisting of La longue marche dans les Avents, Le tréteau des apatrides and Gens sans aveu, is shaped by the history of contemporary drama and by the unusual approach of a playwright whose work is rarely staged and whose writing has gradually become more and more independent of performance. Ricard invites us to a new reading of Quebec history in which each war reconfigures national identity.

¿Se habla de la misma forma de una guerra colonial, de una guerra civil y de una guerra mundial? ¿De una guerra que sucede aquí y de una guerra que se desarrolla en otra parte? En efecto, cada guerra tiene sus propios retos, y cada una reconfigura de otra manera el espacio de su origen y el de su resolución. Tomaré aquí como ejemplo la trilogía de André Ricard, quien las aborda todas: la Guerra de los Siete Años, que se saldó con el abandono de Nueva Francia; la guerra civil en la que estuvieron a punto de transformarse las dos rebeliones de 1837 y 1838; la Segunda Guerra Mundial, a la cual se opusieron masivamente los canadienses franceses, aunque hubo batallones de voluntarios que participaron en la misma. Escrita y publicada a lo largo de veinticinco años, la trilogía, compuesta de La longue marche dans les Avents (La larga marcha en los advientos), Le tréteau des apatrides (El caballete de los apátridas) y de Gens sans aveu (Gente sin confesión), también lleva en sí las huellas de la historia contemporánea del teatro, como las del recorrido singular de un autor dramático poco representado y cuya escritura conquista progresivamente su autonomía con respecto al escenario. Ricard nos invita a una relectura de la historia de Quebec, en la que cada guerra reconfigura la identidad nacional.

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