2011
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International Journal of Canadian Studies ; no. 44 (2011)
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Leslie Choquette, « Les rêves américain et canadien des Jobin. Une famille bourgeoise de Québec aux États-Unis, 1890-1990 », International Journal of Canadian Studies / Revue internationale d’études canadiennes, ID : 10.7202/1010083ar
Basée sur la Collection Jobin, un fonds familial franco-américain conservé à l’Institut français d’Assumption College, cette note de recherche suit le parcours migratoire d’une famille bourgeoise de Québec arrivée à Boston en 1890, mettant l’accent sur la question de son intégration (ou non-intégration) à la société américaine sur quatre générations. L’expérience de cette famille, qui n’a rien à voir avec le stéréotype de l’habitant famélique contraint de chercher un travail dans les moulins, montre l’attrait du rêve américain pour les couches plus élevées de la société québécoise des XIXe et XXe siècles. Elle montre aussi que le processus d’assimilation est très complexe, au moins dans le domaine culturel. En ce qui concerne l’intégration économique, elle est parfaitement réussie. Grâce au travail et à l’entraide de tous les membres, la famille maintient – non sans difficulté – son rang bourgeois malgré la mort du patriarche à 49 ans en 1893. La question de l’intégration culturelle et linguistique est beaucoup plus délicate. Les neuf enfants de la deuxième génération ne partagent ni la même attitude envers l’assimilation ni le même sens d’identité ou d’appartenance ethnique. Le clivage ne se fait pas non plus selon l’âge à l’immigration, malgré la prédiction du père que ses enfants les plus jeunes deviendraient vite de petits Américains. À la troisième et même à la quatrième génération, la situation reste très compliquée. Ce n’est qu’à la fin du XXe siècle que la famille se scinde clairement en deux branches, l’une américaine et l’autre québécoise.