Car je est en prose : Ou le « traitement apporté au canon hiératique du vers »

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2012

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Voix et Images ; vol. 37 no. 3 (2012)

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Luc Bonenfant, « Car je est en prose : Ou le « traitement apporté au canon hiératique du vers » », Voix et Images, ID : 10.7202/1011955ar


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Prenant acte de ce que Nicole Brossard serait tout autant l’« héritière » de Mallarmé qu’une écrivaine « classique » (F. Charron), cet article s’attache aux questions de la référence et de l’inscription subjective — questions qui ont du reste retenu l’attention scrupuleuse de Mallarmé — pour en prendre la mesure. L’analyse de recueils comme Musée de l’os et de l’eau, Je m’en vais à Trieste, Mécanique jongleuse ou Langues obscures, pour ne nommer qu’eux, montre que cette poésie, qui refuse les accents lyriques, propose du même coup un univers référentiel résolument tourné vers lui-même. Partant, j’y fais l’hypothèse que l’ipséité poétique de cette oeuvre donne à lire un je dont l’inscription versifiée, d’ordre métrique, permet de renvoyer le sujet vers la prose d’un récit en définitive exclu de la Poésie. « Ô je, pure rhétorique », écrit Brossard dans Langues obscures. J’en conclus qu’un tel travail esthétique ne peut plus aujourd’hui être lu comme le signe réducteur d’une virtuosité ou d’un simple jeu formel. Car il procède de la pensée politique (féministe) plus large qui informe l’ensemble de l’oeuvre (poétique et romanesque), montrant que le rapport à Mallarmé, chez Brossard, n’est ni figé, ni inquiet.

Taking stock of the fact that Nicole Brossard may be Mallarmé’s “heir” as much as she is a “classical” writer (F. Charron), this article focuses on issues of reference and subjective inscription that were the object of Mallarmé’s scrupulous consideration and undertakes to gauge their importance. Analysis of works such as Musée de l’os et de l’eau, Je m’en vais à Trieste, Mécanique jongleuse or Langues obscures, among others, shows that this poetry which refuses lyrical accents simultaneously proposes a referential universe that is resolutely oriented towards itself. My hypothesis is that the poetic individuality (ipséité) of Brossard’s work puts forward an I whose versified inscription, in the metric realm, makes it possible to send the subject back to the prose of a narrative that is, in the end, excluded from Poetry. “Ô je, pure rhétorique”, writes Brossard in Langues obscures. I conclude that this kind of aesthetic work can no longer be read today as a reductive sign of virtuosity or a simple formal game : proceeding from the wider (feminist) political thought that informs the whole of Brossard’s work as both poet and novelist, it shows that Brossard’s relation to Mallarmé is neither rigid nor uneasy.

Al destacar que Nicole Brossard sería tanto la ‘heredera’ de Mallarmé como una escritora ‘clásica’ (F. Charron), este artículo se adscribe a las cuestiones de la referencia y la inscripción subjetiva –cuestiones que, por lo demás, llamaron poderosamente la atención de Mallarmé– para medirlas. El análisis de obras como Musée de l’os et de l’eau (Museo del hueso y el agua), Je m’en vais à Trieste (Me voy a Trieste), Mécanique jongleuse (Mecánica malabarista) o Langues obscures (Lenguas oscuras), por no nombrar aquí más que estas, muestra que esta poesía, que rechaza los acentos líricos, propone al mismo tiempo un universo referencial resueltamente vuelto hacia sí mismo. Por lo tanto, emito la hipótesis de que la ipseidad poética de esta obra incita a leer un ‘yo’ cuya inscripción versificada, de orden métrico, permite remitir al sujeto hacia la prosa de un relato excluido en definitiva de la Poesía. “¡Oh yo!, pura retórica”, escribe Brossard en Langues obscures. Concluyo que semejante trabajo estético ya no puede leerse hoy día como el signo reductor de una virtuosidad o de un simple juego formal, pues procede del pensamiento político (feminista) más amplio que informa el conjunto de la obra (poética y novelesca), mostrando que la relación con Mallarmé, en Nicole Brossard, no es ni yerta ni inquieta.

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