Individu et individualisme chez Georg Simmel, au prisme de Durkheim et de Weber

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2012

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Sociologie et sociétés ; vol. 44 no. 2 (2012)

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Catherine Colliot-Thélène, « Individu et individualisme chez Georg Simmel, au prisme de Durkheim et de Weber », Sociologie et sociétés, ID : 10.7202/1012927ar


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L’individualisme constitue un des thèmes centraux des grands textes de la sociologie du début du xxe siècle. Par leur densité et leur complexité, les analyses que Georg Simmel a consacrées à ce thème justifient de voir en lui un des plus remarquables théoriciens de la modernité. Le présent article met en valeur l’originalité de ses analyses en les croisant de manière contrastive avec celles d’Émile Durkheim et de Max Weber. Cette originalité réside dans le lien que Simmel établit entre l’individualisme et le développement de la personnalité, qu’il entend, à la différence de Durkheim, comme singularité distinctive, et qui a été selon lui rendue possible par l’éradication des rapports de dépendance personnelle sous l’effet de la généralisation de l’économie monétaire. Tout en reconnaissant la puissance heuristique de cette interprétation de l’individualisme moderne sur le plan d’une phénoménologie du vécu, l’article en indique les limites, qui ressortent de la confrontation avec une sociologie qui, comme c’est le cas de celle de Max Weber, privilégie l’analyse des logiques institutionnelles.

Individualism was one of the central themes of the great works of sociology at the beginning of the 20th century. The density and complexity of Georg Simmel’s analyses of individuality offer ample justification for the view that he was among the most remarkable theoreticians of modernity. The present article highlights the originality of his analyses in contrast with those of Émile Durkheim and Max Weber. Simmel’s originality resides in his linking of individualism with the development of personality, which he saw, in opposition to Durkheim, as a distinctive singularity and as enabled by the eradication of personal dependence relationships that had been brought about by the proliferation of the money economy. While acknowledging the heuristic force of this interpretation of modern individualism in relation to a phenomenology of life, the article also points to its limitations, which stem from the confrontation with a sociology that accords, as did Max Weber, greater importance to analyses of institutional logics.

El individualismo constituye uno de los temas centrales de los grandes textos de la sociología de comienzos de siglo XIX. Por su densidad y complejidad, los análisis que George Simmel consagró a este tema justifican ver en él a uno de los más destacados teóricos de la modernidad. El presente artículo destaca la originalidad de sus análisis, contrastándolos con los de Emir Durkheim y Max Weber. Esta originalidad reside en el vínculo que Simmel establece entre el individualismo y el desarrollo de la personalidad que, a diferencia de Durkheim, Simmel entiende como una singularidad distintiva que ha sido posible gracias a la erradicación de las relaciones de dependencia personal bajo el efecto de la generalización de la economía monetaria. Reconociendo el poder heurístico de esta interpretación del individualismo moderno en el plano de la fenomenología de lo vivido, este artículo indica sus límites, que surgen de la confrontación con una sociología que, como en el caso de Max Weber, privilegia el análisis de las lógicas institucionales.

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