2013
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Études françaises ; vol. 49 no. 1 (2013)
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Ugo Dionne, « « De si solides bagatelles » : Réflexions et représentations romanesques chez le chevalier de Mouhy », Études françaises, ID : 10.7202/1018796ar
Lorsqu’on tente de dégager la « conception » qu’un romancier du xviiie siècle propose du roman, trois différents objets s’offrent à l’analyse. Au-delà du discours critique plus ou moins explicite que l’écrivain articule sur le genre, il faut s’intéresser à sa manière d’en thématiser la lecture et les effets, ainsi qu’à sa pratique elle-même : on ne s’occupe plus alors de ce qu’on dit du roman, ou de ce qu’on lui fait faire dans les seuls termes de la fiction, mais bel et bien de ce qu’on en fait. Le présent article cherche à vérifier cette hypothèse des « trois romans du romancier » à partir de l’oeuvre du chevalier de Mouhy, contemporain relativement marginal de Marivaux et de Prévost. Sur la valeur morale du roman, sur son rôle dans l’éducation des jeunes lecteurs, sur ses conséquences psychologiques à court ou plus long termes, sur les rapports du genre à l’histoire et à la réalité, comme sur sa propre place dans la littérature de son temps, l’auteur de La mouche et de La paysanne parvenue adopte des positions multiples et paradoxales ; on peinerait à dégager un Mouhy adversaire ou apologiste du roman, si ce n’était de l’évidence pléthorique de sa production, qu’on peut assimiler à une vaste et inconditionnelle affirmation romanesque.