Sartre et la photographie : autour de la théorie de l’imaginaire

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2013

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Études françaises ; vol. 49 no. 2 (2013)

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Nao Sawada, « Sartre et la photographie : autour de la théorie de l’imaginaire », Études françaises, ID : 10.7202/1019494ar


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Bien qu’il existe de nombreuses études consacrées au thème de Sartre et l’art, la photographie reste encore aujourd’hui un sujet quasi inconnu, voire ignoré. Il est vrai que les mentions de la photographie sont plutôt rares et succinctes dans les textes philosophiques de Sartre. Nous pouvons constater le même phénomène dans les oeuvres romanesques. Pourquoi cette absence ? Qu’est-ce qui explique cette haine de la photo ? Pour répondre à ces questions, nous nous proposons d’analyser le rapport de Sartre à la photographie. Dans un premier temps, nous passons très brièvement en revue la théorie de l’image développée dans L’imagination et L’imaginaire. Dans un deuxième temps, nous examinons les rares scènes où apparaissent les photos dans ses romans. Dans La nausée, Antoine Roquentin a apparemment pris beaucoup de photos pendant ses voyages autour du monde. Mais il parle de ses photos de souvenirs comme des faux passés ou comme un vestige de son véritable vécu. Dans Les chemins de la liberté également, les photos ne jouent qu’un rôle anecdotique et négatif. C’est surtout dans Les mots que nous pouvons trouver les passages les plus significatifs sur la photographie. En se souvenant de son grand-père « photogénique », Sartre brosse le portrait caricatural d’un homme prisonnier de sa propre image charismatique. Et, en contrepartie, il souligne la découverte de sa laideur physique, en se référant à ses photos d’enfance. Ainsi, les photos sont presque toujours convoquées comme des métaphores négatives dans ses textes littéraires. Dans un troisième temps, nous analysons « D’une Chine à l’autre », la préface à l’album de Henri Cartier-Bresson, qui est l’unique texte que Sartre ait consacré à la photographie. Même si l’on ne trouve pas de théorie explicite sur la photo dans ce texte, nous pouvons repérer ce que Sartre apprécie dans certaines photos. Ainsi, à travers cette démarche, nous tâchons, d’une part, de mettre en lumière quelques aspects mal connus du Sartre esthéticien et, d’autre part, de faire une psychanalyse existentielle de Sartre homme à travers sa réticence par rapport à la photographie.

While many studies have been devoted to Sartre and art, even today there is virtually no reference to photography. Sartre’s philosophical texts only rarely or briefly mention photography, and the same holds true for the novels. Why this absence? What explains this retreat or hatred of the photo? To answer these questions we examine Sartre’s relationship with photography, first briefly reviewing the theory of the image developed in The Imaginary. Secondly, we explore the rare instances where photos are mentioned in his novels. In Nausea, Antoine Roquentin apparently took many photos during his world travels, but he refers to these photo-souvenirs as false pasts or relics of the real experience. In The Roads to Freedom, photos play only an anecdotal and negative role. However, Sartre’s most meaningful passages on photography can be found in The Words. In recalling his “photogenic” grandfather, Sartre depicts a caricatural picture of a man imprisoned by his own charismatic image. By contrast, he references his own childhood photos to emphasize the discovery of his own physical ugliness. Photos are therefore almost always presented as negative metaphors in his literary texts. Thirdly, we analyze “From One China to Another,” namely, the preface to Henri Cartier-Bresson’s album which is the only text that Sartre devoted to photography. While this text gives no explicit theory about photography, we can discern what Sartre likes about certain photos. This helps us shed light on little known aspects of Sartre the aesthete while also providing some insight into an existential psychoanalysis of Sartre the man through his reticence towards photography.

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