2013
Ce document est lié à :
Philosophiques ; vol. 40 no. 2 (2013)
Tous droits réservés © Société de philosophie du Québec, 2013
Juliette Roussin, « Démocratie contestataire ou contestation de la démocratie ? L’impératif de la bonne décision et ses ambiguïtés », Philosophiques, ID : 10.7202/1023702ar
Cet article a pour objet d’interroger la tendance actuelle des démocraties à s’entourer d’institutions indépendantes au fort degré de compétence en vue de limiter et de corriger les défaillances éventuelles des corps démocratiques élus et représentatifs. La légitimité démocratique de ces institutions contre-majoritaires leur viendrait, selon certains théoriciens de la démocratie, de ce qu’elles offrent la possibilité de contester les décisions collectives lorsque celles-ci sont mauvaises ou injustes, contribuant ainsi à l’amélioration globale des performances du régime démocratique. À partir notamment d’une lecture des travaux de Philip Pettit sur la démocratie contestataire et d’une réflexion sur l’approche épistémique défendue par David Estlund, nous questionnons au contraire le caractère démocratique de ces formes institutionnelles de contestation et montrons que, tant qu’elles ne font pas l’objet d’un contrôle démocratique plus étroit, elles peuvent être interprétées comme des modes de contestation de la démocratie plutôt que comme des instruments de son amélioration.