2014
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Les ateliers de l'éthique ; vol. 9 no. 1 (2014)
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Candice Delmas, « The Civic Duty to Report Crime and Corruption », Les Ateliers de l'éthique / The Ethics Forum, ID : 10.7202/1024294ar
Le devoir civique de dénoncer les délits de crime et corruption auprès de l’autorité publique est-il un devoir moral ? Après une clarification de la nature de ce devoir et un examen de deux réponses négatives à la question, j’envisage une position attrayante et répandue, selon laquelle le devoir civique est bien un devoir moral. L’argument est le suivant : le crime et la corruption menacent la stabilité politique et les citoyens ont un devoir de renseigner les autorités sur les délits criminels et de corruption afin de contribuer aux efforts de maintien de l’ordre. Ce devoir est triplement général, puisqu’il concerne tout délit criminel et affaire de corruption et s’applique à chacun et partout. Dans cet article, je conteste la portée générale de cet argument. Je montre que le devoir civique de dénoncer les délits criminels et affaires de corruption auprès des autorités est bien plus limité que les gens pensent, dans la mesure où il n’existe que lorsque l’État (i) condamne comme « crime » et « corruption » de réels méfaits et (ii) constitue un destinataire d’information fiable, démontrant la capacité et la volonté de tenir les coupables pour responsables. Je soutiens aussi l’existence d’un devoir d’informer le public directement – devoir qui est plus important qu’on le suppose d’ordinaire. Lorsque la condition (ii) n’est pas satisfaite, les citoyens ne sont pas moralement obligés d’informer le gouvernement, mais ils ont un devoir d’informer le public, et cela, même lorsque la cible est le gouvernement et la dénonciation est dangereuse et illégale.