2003
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Mens : revue d'histoire intellectuelle de l’Amérique française ; vol. 3 no. 2 (2003)
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Gilles Labelle, « Gilles Leclerc, un inquisiteur oublié », Mens: Revue d'histoire intellectuelle de l'Amérique française, ID : 10.7202/1024643ar
La pensée de Gilles Leclerc (1928-1999) n’a jamais été véritablement reçue dans les milieux intellectuels et littéraires québécois. Pourtant, le Journal d’un inquisiteur, publié en 1960 (et réédité en 1974 et 2003), constitue un ouvrage qui a certainement sa place dans l’histoire des idées au Québec. Gilles Leclerc y expose une conception du passage de la société québécoise à une forme de modernité radicale qui accorde une grande place aux effets imprévus engendrés par ce qu’il nomme le « système ethno-théologico-politique ». Pour lui, la liberté nouvelle qu’il sent poindre à l’aube de la Révolution tranquille se confond avec la « licence » et ne pourra ainsi conduire qu’à une société fondée sur l’utilitarisme et l’hédonisme. Au bout du « système ethno-théologico-politique », en somme, se profile l’« intégration pan-américaine », assortie d’une tentation « nihiliste » (première partie). Cette conception s’appuie sur une anthropologie et une philosophie de l’histoire cohérentes et très élaborées, qui reposent sur une analyse des rapports qui doivent s’établir entre l’« Esprit » et l’« Histoire » (deuxième partie).