2014
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Cinémas : Revue d'études cinématographiques ; vol. 24 no. 2-3 (2014)
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Sylvie Lindeperg, « La voie des images. Valeur documentaire, puissance spectrale », Cinémas: Revue d'études cinématographiques / Cinémas: Journal of Film Studies, ID : 10.7202/1025148ar
Cet article retrace l’histoire de trois tournages au printemps-été 1944 : dans Paris insurgé et dans les camps de transit de Terezín, en Tchécoslovaquie, et de Westerbork, aux Pays-Bas. Il met en pratique une « vision rapprochée » des images d’archives, inspirée du modèle établi par Daniel Arasse pour la peinture lorsqu’il préconise « une pratique rapprochée du pinceau et du regard ». Cette méthode suppose l’attention aux détails et exige de longs retours devant l’image. La remontée vers le point d’origine de la prise de vue permet d’entrevoir l’univers mental de ceux qui filmèrent, d’interroger leurs gestes et leurs choix. Ces plans d’archives recueillent aussi l’impensé d’une époque, la part inintelligible de l’histoire pour les contemporains. Ils conservent ce qui échappa au regard de l’opérateur dans l’enregistrement mécanique d’une portion de réel. Les images analysées ouvrent ainsi la voie à une histoire du sensible inscrite au plus près des corps de ceux qui firent l’événement ou qui en furent les victimes. Elles engagent des questions telles que la place de l’art au coeur de la barbarie, les ambivalences de la « collaboration artistique », la capacité du cinéma à devenir un instrument de libération ou de résistance.