Les politiques canadiennes en matière d’étiquetage alimentaire : Reflet d’une hégémonie technoscientifique au service d’un calcul utilitaire ?

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2014

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Les Cahiers de droit ; vol. 55 no. 2 (2014)

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Mélanie Bourassa Forcier et al., « Les politiques canadiennes en matière d’étiquetage alimentaire : Reflet d’une hégémonie technoscientifique au service d’un calcul utilitaire ? », Les Cahiers de droit, ID : 10.7202/1025756ar


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Présence d’additifs alimentaires, d’édulcorant, de gras trans ou de sel, voilà autant d’informations qui doivent figurer sur l’étiquette d’un produit préemballé. Quels critères amènent les instances réglementaires à donner la priorité à une information plutôt qu’à une autre ? Le public a-t-il voix au chapitre ? Pour répondre à ces questions, deux exemples de réglementation canadienne en matière d’étiquetage alimentaire serviront de cadre d’analyse : 1) la réglementation en matière d’étiquetage des aliments génétiquement modifiés qui, contrairement aux souhaits des citoyens, préconise l’étiquetage volontaire plutôt qu’obligatoire ; et 2) la réglementation en matière d’étiquetage des allergènes qui, conformément à la volonté des Canadiens, oblige les compagnies à indiquer la présence de certains ingrédients allergènes sur les étiquettes. Les auteures constatent que l’état des politiques canadiennes en matière d’étiquetage alimentaire est le reflet d’un calcul utilitaire de la part du gouvernement en place : tant les intérêts économiques de l’industrie agricole que le bien-être collectif entrent en ligne de compte dans la décision d’imposer l’étiquetage, mais il semble que l’intérêt collectif soit majoritairement déterminé en fonction de la donne scientifique (et économique) au détriment de la volonté collective. La science, souvent produite par l’industrie elle-même, sert-elle alors à appuyer — ou à légitimer — le calcul utilitaire en imposant l’idée selon laquelle le souhait du citoyen n’est pas raisonnable ni rationnel ? Si tel est le cas, le scientifique joue ainsi toujours, pour ne pas dire encore plus maintenant que la donne scientifique est de plus en plus accessible, un rôle social déterminant qu’Antonio Gramsci qualifierait d’hégémonique.

The presence of food additives, sweeteners, trans fat and salt must all be indicated on the labels of pre-packed food products — but what criteria guide the regulatory authorities in their decision to give priority to one kind of information over another ? Does the general public have any input ? To answer these questions, two Canadian regulatory fields connected with food labelling provide the basis for an analysis : (1) regulation of the labelling of genetically modified foodstuffs which, contrary to the wishes of the population, makes labelling voluntary rather than compulsory, and (2) regulation of the labelling of allergens which, in keeping with the wishes of Canadians, requires companies to indicate the presence of certain allergenic ingredients on their labels. We observe that the current Canadian policy on food labelling reflects a utilitarian calculation by the government in power : both the economic interests of the agrifood industry and the collective wellbeing are taken into account in labelling decisions. However, it appears that the collective interest is determined more on the basis on scientific (and economic) data than on citizens’ wishes. Is science, often produced by the industry itself, used to support — or legitimize — the utilitarian position by promoting the idea that citizens’ wishes are neither reasonable nor rational ? If this is the case, then scientists are still playing — and in fact, given that scientific data is increasingly accessible, playing more than ever before — a determining social role that Antonio Gramsci would call hegemonic.

La presencia de aditivos alimentarios, edulcorantes, grasas trans, o de sal son informaciones que deben aparecer en la etiqueta de un producto preenvasado. ¿Cuáles son los criterios que instan a las autoridades reguladoras para que se le dé prioridad a una información con respecto a otra ? ¿El público puede opinar ? Para responder a estas interrogantes, dos reglamentos canadienses en materia de etiquetado de productos alimenticios servirán como marco de análisis : 1. La reglamentación en materia de etiquetado de alimentos modificados genéticamente, que contrariamente a las aspiraciones de los ciudadanos, preconiza el etiquetado de manera voluntaria, en lugar de que sea obligatorio. 2. La reglamentación en materia de etiquetado de alérgenos, que de conformidad con la voluntad de los canadienses, obliga a las compañías a señalar la presencia de determinados ingredientes alérgenos en las etiquetas. Constatamos que el estado de las políticas canadienses en materia de etiquetado de los alimentos es el reflejo de un cálculo utilitario por parte del gobierno de turno. Se han tomado en cuenta tanto los intereses económicos de la industria agrícola, como el bienestar colectivo en la decisión de imponer el etiquetado. No obstante, pareciera que el interés colectivo está mayoritariamente determinado en función del contexto científico (y económico) en detrimento de la voluntad colectiva. La ciencia, frecuentemente promovida por la propia industria ¿puede servir para apoyar (o legitimar) el cálculo utilitario, al imponer la idea, según la cual, las aspiraciones del ciudadano no son razonables y racionales ? Si esto fuera el caso, entonces se diría que el científico juega siempre así, -por no decir aún más por ahora, ya que el contexto científico es cada vez más accesible- un papel social determinante que Antonio Gramsci calificaría de hegemónico.

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