Le métissage brésilien : Du « mélange » généralisé au rappel des origines

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2014

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Anthropologie et Sociétés ; vol. 38 no. 2 (2014)

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Cécilia Gutel et al., « Le métissage brésilien : Du « mélange » généralisé au rappel des origines », Anthropologie et Sociétés, ID : 10.7202/1026168ar


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Au Brésil le métissage s’enracine dans l’histoire longue du peuplement du pays. La nation brésilienne s’est constituée sur la base d’unions mixtes entre les trois « matrices initiales » amérindienne, européenne et africaine, formant un métissage tel que les différences ethniques semblent avoir été gommées, comme l’affirme le concept de « démocratie raciale ». Transformé en mythe d’origine de la nation brésilienne au début du XXe siècle, il laisse supposer la parfaite égalité de tous les citoyens. Pourtant, les inégalités socioéconomiques reposant sur les différences raciales dans l’accès aux richesses et aux pouvoirs n’ont pu échapper longtemps aux observateurs. En 2001, la société brésilienne idéalisée qui se pense et se déclare comme profondément métisse voit la mise en place de mesures de discrimination positive au bénéfice des plus pauvres, mais aussi des Noirs et des Indiens dans l’attribution de quotas dans les institutions publiques et universités. Il s’agit alors de la reconnaissance officielle de l’existence des inégalités et d’une remise en cause de l’homogénéité de la nation si longtemps affirmée. Le présent article se propose d’examiner le paradoxe sur lequel repose la représentation du métissage dans une société qui veut idéalement gommer les différences, mais dont les membres sont différenciés selon leur origine tant dans la construction des politiques publiques que dans la hiérarchisation des groupes.

Miscegenation in Brazil finds its roots in the long history of human settlement. The Brazilian nation was constituted on the basis of mixed unions among three « initial matrices » : the Amerindian, the European and the African. In this miscegenation process, ethnic differences seem to have been erased, as the concept of « racial democracy » indicates. Made into a myth of origins of the Brazilian nation in the early twentieth century, it suggests a perfect equality among citizens. However, socio-economic inequalities based on racial differences in access to wealth and power have long escaped to observers. In 2001, this idealized ethnically mixed Brazil is contradicted by the implementation of positives actions in favor of the poor, but also of Blacks and Indians in the allocation of quotas in public institutions, especially universities. Then, what is at stake is the official recognition of the existence of inequality and the reconsideration of the so long asserted ethnic homogeneity of the nation. This article examines the paradox laying under the representations of miscegenation in a society which conveniently erases its differences, and where its members appear as clearly differentiated in public policies and in the social hierarchies according their ethnic origin.

El mestizaje en Brasil tiene sus raíces en la larga historia de colonización del país. La nación brasileña se formó sobre la base de los matrimonios mixtos entre las tres « primeras matrices » (Ribeiro 1995) amerindias, europeas y africanas, constituyendo un mestizaje en el cual las diferencias étnicas parecen haber sido borradas, tal como lo indica el concepto de « democracia racial ». Transformado en un mito de origen de la nación brasileña en el siglo XX, sugiere una perfecta igualdad entre todos los ciudadanos. Sin embargo, las desigualdades socioeconómicas basadas en las diferencias raciales en el acceso, a la riqueza y al poder, siempre han escapado a los observadores. En 1998, esta sociedad brasileña idealizada, pensando y expresándose como profundamente mestiza, es contestada por la introducción de políticas de discriminación positiva a favor de los más pobres, de los negros y de los indios para la asignación de cuotas en universidades e instituciones públicas. Entonces, lo que está en juego es el reconocimiento oficial de la desigualdad y una relectura de la supuesta homogeneidad nacional. El artículo aquí presentado, propone examinar la paradoja de una sociedad que pretende borrar convenientemente las diferencias internas, pero cuyos miembros sufren una clara diferenciación en las políticas públicas y en las jerarquías sociales en función de su origen étnica.

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