2014
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Arborescences : Revue d'études françaises ; no. 4 (2014)
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Laurence Petit, « Sublime et abjection dans « The Chinese Lobster » de A.S. Byatt », Arborescences: Revue d'études françaises, ID : 10.7202/1027430ar
En s’appuyant sur les écrits théoriques de Julia Kristeva, Georges Bataille, Frances Connelly et Jean-François Lyotard sur la question de l’abject, du difforme, du grotesque et du sublime, cet essai se propose d’examiner la façon dont la nouvelle « The Chinese Lobster » de A.S. Byatt s’articule autour du concept central de « distorsion », au double sens de « déformation physique produite par une torsion » et de « déformation langagière », «interprétation abusive» ou « représentation faussée ». En analysant les nombreuses distorsions verbales, picturales et corporelles présentes dans le texte, je me propose de montrer comment ce récit non seulement énonce, pour mieux s’en moquer, des questions de genre très en vogue, mais également nous aide à repenser la relation texte/image en termes de transgression, ou précisément de «distorsion», celle, délibérée, de deux codes sémiotiques pré-existants – le verbal et le visuel – afin de produire une nouvelle forme intermédiale ou iconotextuelle. Plus généralement, je postulerai que cette nouvelle nous permet de reconsidérer la représentation littéraire en termes d’une inévitable « distorsion » ou « représentation faussée », en suggérant que toute représentation contient par essence son propre échec.