1999
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Revue générale de droit ; vol. 30 no. 4 (1999-2000)
Droits d'auteur © Faculté de droit, Section de droit civil, Université d'Ottawa, 2000
Mireille D.-Castelli, « Travail et respect de l’être humain : la responsabilité du droit », Revue générale de droit, ID : 10.7202/1027760ar
Le principe de base aussi bien de notre droit positif que du droit naturel est celui du respect de l’être humain et de sa dignité. Ce principe, non contesté, constitue le critère d’évaluation du droit. Ce critère permet donc de déterminer la relation de l’être humain au travail, notamment dans le cadre du travail rémunéré où il se trouve à perdre une partie de sa liberté. L’être humain devant toujours être une fin en soi, et jamais un moyen utilisé à d’autres fins, il en découle que « le travail doit être fait pour l’homme et non l’homme pour le travail ». Ce principe une fois posé, permet de vérifier si l’organisation actuelle du monde du travail respecte ce paramètre incontournable. Les faits révèlent que tel n’est pas le cas, en raison de la méconnaissance des obligations personnelles et familiales des travailleurs et de la durée excessive du temps travaillé. Les raisons en sont multiples et généralement peu conscientisées.Si diverses solutions sont envisageables, la seule diminution généralisée de la semaine de travail, bien que souhaitable, ne constitue pas la solution adéquate, puisqu’elle ne solutionne pas l’inadaptabilité du monde du travail aux besoins personnels. Dans la mesure où le non-respect des personnes relève de la rigidité de l’organisation du monde du travail et de l’impossibilité d’adapter ses exigences aux nécessités personnalisées et diverses de la vie de chacun, c’est sur ce point que doit porter l’intervention.Dans la mesure où plusieurs des facteurs s’opposant au libre choix du temps travaillé découlent en fait, directement ou indirectement, du droit, il est possible de corriger cet état de fait en modifiant un certain nombre de règles. Dans un tel domaine, l’intervention du législateur est à la fois une nécessité et une obligation puisque c’est lui, et lui seul, qui peut se situer au-dessus des intérêts divergents des divers intervenants et prévoir les conséquences indirectes à long terme de mesures apparemment favorables, mais en fait nuisibles pour la liberté de choix.