2014
Ce document est lié à :
Études/Inuit/Studies ; vol. 38 no. 1-2 (2014)
Tous droits réservés © La revue Études/Inuit/Studies, 2014
Tom Artiss, « Music and change in Nain, Nunatsiavut: More White does not always mean less Inuit », Études/Inuit/Studies, ID : 10.7202/1028852ar
Cet article porte sur les réinterprétations inuit de la musique occidentale à Nain, au Labrador, dans le cadre d’une étude des réactions des Inuit au changement. En me basant sur des entrevues et une recherche ethnographique approfondie, je démontre que le relâchement de la rigidité des catégories socio-musicales a coïncidé avec le déclin de l’influence missionnaire morave au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Je suggère que l’indifférence à la différence musicale traduit l’équanimité des Inuit devant les forces environnementales d’un changement «que l’on ne peut empêcher» (ajunamat). J’expose ensuite les raisons pour lesquelles le déséquilibre discursif reste une préoccupation constante et je démontre que les effets d’une activité coloniale et missionnaire soutenue (métissages, mélanges, chevauchements, coprésences) ne produisent pas toujours les discordances émotionnelles et psychiques que l’on associe parfois à l’ambivalence postcoloniale. En fin de compte, je suggère que les formes musicales occidentales réinterprétées par les Inuit peuvent être comprises comme les manifestations visibles d’un substrat bien plus profond de pérennités affectives, et que ces façons héritées d’être au monde peuvent se perpétuer même lorsque certaines formes culturelles spécifiques se modifient.