2015
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Santé mentale au Québec ; vol. 40 no. 1 (2015)
Tous droits réservés © Département de psychiatrie de l’Université de Montréal, 2015
Luigi Flora et al., « L’expérimentation du Programme partenaires de soins en psychiatrie : le modèle de Montréal », Santé mentale au Québec, ID : 10.7202/1032385ar
L’approche du partenariat de soins et de services développée par la Direction collaboration et partenariat patient (DCPP) de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal considère le patient comme un acteur de soins à part entière, au même titre que les professionnels de santé ; ses savoirs expérientiels sont reconnus et il développe progressivement son auto-détermination. Depuis l’automne 2010, afin de permettre le changement de culture qu’implique cette approche, le « Programme partenaires de soins » (PPS) a facilité l’intégration des patients ressources à des comités d’amélioration continue (CAC) du partenariat de soins et de services, au sein de 29 équipes de soins généraux et spécialisés de 19 établissements de santé et de services sociaux du Québec, dont quatre équipes de services spécialisés en santé mentale. Le but de l’article est de décrire brièvement cette démarche, de démontrer qu’elle est applicable avec succès aux clientèles de santé mentale, en respectant certaines conditions. Méthode : L’évaluation de cette démarche est issue de données quantitatives de questionnaires autoadministrés auprès des participants aux cycles d’amélioration continue, ainsi que d’une approche réflexive des participants et des membres de la DCPP pour comprendre les processus et services mis en oeuvre. Les résultats révèlent que les objectifs de transformation sélectionnés par les CAC des services spécialisés de santé mentale réfèrent à l’accueil au service, aux périodes de transition d’un service à l’autre, à la participation active des patients à leur plan d’intervention interdisciplinaire (PII). Parmi les facteurs qui facilitent la participation des patients à ces CAC, citons : la capacité d’adaptation des intervenants et des gestionnaires à s’ajuster aux disponibilités et au rythme des patients ; l’identification des meilleurs mécanismes de communication pour les rejoindre ; le travail en plus petits groupes afin de faciliter les échanges ; une relation de confiance préalable avec les membres du CAC ; le soutien des patients ressources entre eux ainsi que l’accompagnement par un patient coach de la DCPP. Les membres des CAC développent un sentiment de fierté, une énergie, une motivation nouvelle et une cohésion de groupe. Les patients développent un sentiment d’appartenance à l’équipe, ils voient augmenter leur estime d’eux-mêmes et leur sentiment d’utilité, en contribuant à l’amélioration des services spécialisés de santé mentale. Redonner ce qu’ils ont reçu et participer à des services de meilleure qualité au bénéfice d’autres patients a beaucoup de sens pour eux, ce processus fait même parfois partie intégrante de leur plein rétablissement. En conclusion, le constat révèle l’applicabilité de cette démarche dans le domaine de la santé mentale. Elle est d’autant plus atteignable lorsque les conditions gagnantes comme la proximité des gestionnaires spécialisés dans le domaine, le choix de cibles d’amélioration continue significatives pour les patients sont pris en compte.