2014
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Théologiques ; vol. 22 no. 1 (2014)
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Orietta Ombrosi, « Dans la trace du bélier : La question de « l’animal » dans ce qui reste du judaïsme de Jacques Derrida », Théologiques, ID : 10.7202/1033098ar
Dans cet article, je cherche à envisager un certain judaïsme de Derrida ou ce qui reste du judaïsme dans sa pensée, en suivant les traces qu’un animal — le bélier — laisse dans les écrits du philosophe. En effet, les deux sujets, celui de l’animalité et celui de la judéité se croisent et se côtoient précisément autour de cette figure animale, qui n’est pas pourtant une figure ou une métaphore uniquement. Je choisis donc de suivre le bélier pour suivre l’adresse de Derrida qui appelle les philosophes à répondre philosophiquement de l’« animal », c’est-à-dire à s’interroger de la « question animale », d’une part ; d’autre part et en même temps, je le suis pour voir les moments essentiels les plus représentatifs dans le rituel juif, où cet animal se montre, et pour discerner ce qu’il révèle justement en relation au judaïsme tel que le philosophe Derrida l’a vécu ou conçu. L’article se divise donc en trois grandes parties qui correspondent aux trois scènes où le bélier, les béliers plutôt, fait/font son/leur apparition : la première scène est celle du bélier de la prière, se montrant et se cachant dans le tallith ; ensuite, la scène sacrificielle par excellence (Gen 22) où le bélier du sacrifice est sacrifié par Abraham ; enfin, le bélier eschatologique, ainsi nommé parce qu’il est celui qui porte ou porterait l’autre, dans une dimension eschatologique à venir, selon une des dernières lectures derridiennes de Paul Celan, donnée dans le livre Béliers.