2016
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Études françaises ; vol. 52 no. 1 (2016)
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Anne Élaine Cliche, « … ton ciel à la sueur de ton sexe. Pierre Guyotat : le père-totem de l’esclave absolu », Études françaises, ID : 10.7202/1035545ar
Cet article s’intéresse au statut totémique des figures qui peuplent les montages prostitutionnels de Guyotat. Le corps supplicié – celui de l’esclave-putain – se fait dans cette oeuvre, et suivant la logique verbale de l’écriture qui l’ouvre à l’infini de ses mutations comme à toutes les figures instables et répétables de l’asservissement et de la subordination, le matériau d’autant plus glorieux qu’il sera livré aux trafics de l’esclavage. Il s’agit de montrer que l’écriture de Guyotat transgresse le tabou de l’inceste qui fonde l’espèce et instaure l’ordre symbolique. Car le dispositif esclavagiste et prostitutionnel des scénographies de cette écriture est mis en place par un sujet impitoyablement asservi à une jouissance absolue. De cette jouissance déterminante, le sujet Guyotat affirme aujourd’hui faire un « chant » qui accède à une autre exigence, celle formulée par la deuxième des dix paroles sinaïtiques et qui concerne l’interdit de céder aux pouvoirs de la représentation : « Tu ne te feras pas d’images. » L’illisibilité de Guyotat trouve dans cet interdit, semble-t-il, sa puissance d’évocation.