2015
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Cinémas : Revue d'études cinématographiques ; vol. 25 no. 2-3 (2015)
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Matthieu Dubois, « Incohérence et transgression dans Sucker Punch : une esthétique du secret. Lecture phénoménologique d’un (dé)voilement du sens », Cinémas: Revue d'études cinématographiques / Cinémas: Journal of Film Studies, ID : 10.7202/1035776ar
Cet article prend le parti de lire Sucker Punch (Coup interdit, 2011), de Zack Snyder, à contre-courant des critiques qui n’y ont vu qu’un film miné par des incohérences et un scénario sans profondeur. À partir de l’analyse d’un délire diégétique, l’auteur met en lumière des indices qui l’amènent à élaborer une interprétation à rebours du récit, sur le modèle de l’analyse qu’effectue Pierre Bayard (1998) du Meurtre de Roger Ackroyd d’Agatha Christie. Avec l’aide de la phénoménologie de Michel Henry est mise au jour une réflexion sur le caractère nécessairement subjectif, trompeur, de la narration filmique, qui invite à concevoir un twist structurant le récit : soit à considérer l’existence de l’héroïne (Babydoll) comme illusoire au profit d’un personnage secondaire (Sweet Pea), selon un procédé de dédoublement de la personnalité visant à mettre à distance un vécu traumatique. Cela fait de Sucker Punch une oeuvre qui interroge en profondeur les potentialités de l’imaginaire et propose, en creux, une réflexion sur les enjeux du septième art, en cette ère de développement sans précédent des effets numériques.