2016
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Meta : Journal des traducteurs ; vol. 61 no. 1 (2016)
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Faiza El Qasem, « La réception ambivalente de Orientalism d’Edward Saïd dans le monde arabe – une question de traduction ? », Meta: Journal des traducteurs / Meta: Translators’ Journal, ID : 10.7202/1036991ar
Tout acte de traduction laisse des traces dans la mesure où le traducteur « emprunte » une voix qui n’est pas la sienne. Ce faisant, le traducteur révèle la clé de sa démarche, qui vise soit à s’effacer derrière la voix de l’auteur traduit, à être le passeur en quelque sorte d’une autre parole poétique, d’un autre regard sur le monde, soit au contraire à imprimer sa voix, à influer sur le traduire. Cela implique une prise en compte de la visibilité du traducteur, donc de sa subjectivité et par là même, une remise en cause des concepts traditionnels de la théorie et de la pratique de la traduction ayant trait à la fidélité, au sens et à l’interprétation. Traduire, c’est réécrire l’original non seulement pour faire passer un sens mais aussi pour refléter une certaine idéologie, introduire de nouveaux concepts, de nouveaux genres, bref, innover.La position du traducteur face à l’altérité diffère selon qu’il cherche à narguer les règles de sa langue culture estimant qu’elles ne suffisent pas à rendre compte du contenu du texte à traduire, ou à l’inverse, à ne pas laisser subsister de points d’interrogation pour ne pas désorienter le lecteur et concevoir ainsi la lecture d’un texte traduit comme si l’auteur s’était directement exprimé dans la langue de traduction.Dans ce contexte, nous interrogerons les pratiques des traducteurs arabes de l’ouvrage phare d’Edward Saïd, Orientalism, telles qu’elles sont données à lire à travers leurs préfaces. Nous ferons ensuite le lien avec la réception de l’ouvrage dans le monde arabe. Ces préfaces interrogent aussi le statut du traducteur : auteur de plein droit ou traducteur découvreur ? Telles sont les questions auxquelles nous nous intéresserons pour étudier l’empreinte du traducteur sur le texte.