Anthropocentrisme et sciences de l’humain

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2016

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Nouvelles perspectives en sciences sociales ; vol. 11 no. 2 (2016)

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Simon Laflamme, « Anthropocentrisme et sciences de l’humain », Nouvelles perspectives en sciences sociales: Revue internationale de systémique complexe et d'études relationnelles, ID : 10.7202/1037111ar


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Le postulat d’un acteur rationnel, autonome, conscient, intentionnel et intéressé a maintes fois été dénoncé, notamment par les approches relationnelles. Les critiques ont rappelé l’importance de l’inconscient et de l’émotion dans la psyché humaine, l’impossibilité de comprendre l’action humaine en dehors d’un rapport aux structures sociales, le caractère illégitime d’une subjectivité qui délibère de façon monadique. À elles seules, ces critiques auraient dû évacuer depuis longtemps l’axiomatique rationalisante. Pourtant, cette axiomatique ne perd rien de sa vigueur; elle continue à dominer les modélisations en sciences humaines. La question se pose de savoir comment elle fait pour s’éterniser. Il faut bien qu’elle justifie son existence.Dans un travail récent, nous avons repéré sept manières par lesquelles les spécialistes des sciences humaines parviennent à légitimer cette axiomatique, qui est au mieux une demi-vérité (NPSS, 2015). Or, aucune de ces justifications ne représente réellement une réponse à la critique relationnelle. Et si l’on peut relever ces justifications et montrer qu’elles n’en sont pas réellement, c’est forcément qu’il y a quelque chose de sécurisant pour les spécialistes des sciences humaines à rester sourds à ces démonstrations.Notre intention, dans ce texte, est de mettre en évidence cet aspect sécurisant des modélisations rationalisantes et ce qu’il y a de terrifiant dans les autres, qu’il s’agisse de celles qui n’ont pas d’acteur rationnel ou de celles qui ne se fondent pas sur l’acteur en lui-même. Nous montrons que les sciences humaines sont attachées à un anthropocentrisme qui nuit à leur aptitude à produire de l’abstraction, que cet anthropocentrisme est beaucoup plus un idéalisme que le résultat d’une analyse, ce qui accentue la difficulté à générer des abstractions opérationnalisables, et même à donner cours à un relationalisme empirique dans lequel les échanges ne seraient pas que les rapports entre les acteurs sociaux. Nous montrons en outre que l’anthropocentrisme agit comme obstacle au relationalisme dès lors que cette approche veut s’élever dans l’ordre de l’abstraction pour générer de la science de l’humain.

The premise that individuals act rationally, autonomously, consciously, intentionally, and in their own interest has been denounced umpteen times, especially in the relational approaches. These critiques have emphasized the following: importance of the unconscious mind and of emotion in the human psyche; the impossibility of comprehending human action without taking into consideration social structures; the illegitimacy of a subjectivity that deliberates in a monadic way. In and of themselves, these critiques should have evacuated a long time ago the rationalizing postulate. Yet, this postulate loses nothing of its force; it keeps dominating models in human studies. The question then arises of how it can perpetuate. It has to justify its existence.In a recent work, we identified seven ways through which human studies specialists legitimate this postulate, which is, at best, a half-truth (NPSS, 2015). However, neither of these justifications really constitutes an answer to the relational critique. And if these justifications can be identified and proven as inadequate, it is necessarily because there is something comforting for specialists of human studies in ignoring these demonstrations.Our intention, in this article, is to highlight that which is comforting in the rationalizing modelizations as well as that which is terrifying in others, whether they do not contain a rational actor or they do not rely on an actor per se. We intend to show that human studies are attached to an anthropocentrism which undermines their ability to produce abstractions; that this anthropocentrism is more an idealism than the result of an analysis, which exacerbates the difficulty to generate operationalizable abstractions, and even to perform an empirical relationalism in which exchanges would not only be the relationships between social actors. We furthermore intend to show that anthropocentrism represents an obstacle to relationalism when this approach wants elevate in the abstraction sphere to generate some science aiming to understand human being.

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