2016
Ce document est lié à :
Cahiers franco-canadiens de l'Ouest ; vol. 28 no. 2 (2016)
Tous droits réservés © Centre d’études franco-canadiennes de l’Ouest (CEFCO) et Presses universitaires de Saint-Boniface (PUSB), 2016
Anne Sechin, « Étude stylistique et philosophique de l’oxymore dans La belle ordure de Simone Chaput », Cahiers franco-canadiens de l'Ouest, ID : 10.7202/1037176ar
Simone Chaput nous présente dans son roman La belle ordure (2010) un oxymore avant même que nous entrions dans le texte, puisque le titre lui-même est oxymorique et intertextuel. Comme à son habitude, Simone Chaput se distingue dans ce roman par la précision prenante de son style qui repose pourtant sur des outils simples, dont les échos créés par des tensions binaires apparemment inconciliables et les mêmes images qui reviennent presque obsessionnellement. Dans cette exploration du difficile rapport au réel, le lecteur oscille dangereusement entre, d’une part, la menace d’une mystification poétique, gratuite et esthète, et, d’autre part, la lucidité froide, implacable et cynique. Comment faire sens du bonheur? Comment l’horreur, au plan planétaire et au plan intimement individuel, peut-elle cohabiter si étroitement avec l’amour en plénitude, avec la compassion, la beauté, la générosité et le don de soi? Dans un roman où chaque mot ne prend son sens qu’avec son contraire, l’amour et la guerre, l’innocence et le savoir, le prédateur et la proie, la cruauté et la douceur, l’éphémère et le durable, le mythe et le réel, seule une intelligibilité oxymorique semble se frayer un chemin dans ces enjeux contemporains et leur négociation paradoxale.