Le point de vue des pilleurs : Ethnographie d’une exhumation de momies (Andes boliviennes)

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2016

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Anthropologie et Sociétés ; vol. 40 no. 2 (2016)

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Laurence Charlier, « Le point de vue des pilleurs : Ethnographie d’une exhumation de momies (Andes boliviennes) », Anthropologie et Sociétés, ID : 10.7202/1037519ar


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Lors de son enquête ethnographique dans la région du Nord Potosi bolivien, l’auteure a accompagné deux jeunes hommes déterrer des momies précolombiennes situées dans leur communauté. Ils voulaient les vendre à un professeur des universités, lequel les revendait, selon eux, aux États-Unis. Pour se prémunir du courroux potentiel des momies, ils firent remarquer qu’il ne fallait pas y « penser/s’en souvenir » (yuyay en quechua). L’auteure se consacre à l’étude de cette exhumation et de ses contextes en maintenant une focale sur les différentes stratégies choisies in situ par les deux individus pour transformer des objets inaliénables (les ancêtres) en objets aliénables (des marchandises). Elle axe son questionnement sur les processus d’attribution d’agentivité et sur la réflexivité ainsi que sur les rapports conflictuels qu’entretiennent les différents ordres de contraintes sociales subies par les deux individus. Enfin, l’auteure explique comment et pourquoi les deux individus en arrivent à croire rétrospectivement qu’ils n’ont pas réussi à neutraliser le pouvoir potentiel des momies.

During her ethnographical investigation in the region of the Bolivian North Potosi, the author accompanied two young men to dig up pre-Colombian mummies. They intended to sell them to a university professor who dealt with them, they said, in the United States. To protect themselves of the possible wrath of the excavated mummies, they pointed out that you should not there « think/remember it » (yuyay, in Quechua). The author studies this exhumation and its contexts by focusing on the various strategies chosen in situ by both men to transform inalienable objects (the ancestors) into alienable objects (goods). She focuses on the processes of agency’s imputations and on reflexivity as well as on the conflictual relations between various social constraints suffered by both men. Finally, she explains how and why both believed afterward that they did not manage to neutralize the potential power of mummies.

Durante su estudio etnográfico en la región del Norte de Potosí (Bolivia), la autora acompañó a dos hombres jóvenes a desenterrar momias precolombinas ubicadas en su comunidad para vendérselas a un profesor universitario que, a su vez, las revendía, dicen, en Estados Unidos. Para protegerse de la ira potencial de las momias, señalaron que no había que « pensar/recordar » (yuyay en quechua). La autora se dedica al estudio de esta exhumación y de sus contextos haciendo hincapié en las diferentes estrategias escogidas in situ por los dos individuos para transformar objetos inalienables (los antepasados) en objetos alienables (mercancías). Además, basa su cuestionamiento sobre el proceso de asignación de agencia y la reflexividad, como también sobre las relaciones conflictivas que existen entre los diferentes niveles de restricciones sociales enfrentados por ambos individuos. Por último, la autora explica cómo y por qué las dos personas llegan a creer a posteriori que no han logrado neutralizar el poder potencial de las momias.

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