2014
Ce document est lié à :
TTR : Traduction, terminologie, rédaction ; vol. 27 no. 2 (2014)
Tous droits réservés © GuillaumeJeanmaire, 2016
Guillaume Jeanmaire, « La bande animée coréenne peut-elle rester animée en français ? », TTR: Traduction, terminologie, rédaction, ID : 10.7202/1037747ar
La bande dessinée coréenne (manhwa) est « animée » par l’omniprésence d’iconotermes imitant non seulement des sons (onomatopées), mais aussi des mouvements qui peuvent être tant physiques (gestes, mimiques, déplacements) que sensoriels ou psychiques (émotions, états d’âme), ou qui peuvent suggérer un aspect, une texture. Elle prend ainsi une dimension à la fois sonore, cinétique, voire émotionnelle. Face à ces idéophones, plusieurs stratégies s’offrent aux traducteurs : outre l’omission pure et simple, communément pratiquée, et la transcription phonétique en lettres latines, souvent opaque, certains leur substituent un mot ou un syntagme ; le rendu est alors trop sémantique et explicite. Le recours à un iconoterme (souvent une onomatopée) permet de restituer de manière plus suggestive et imagée, au-delà du sens, toute la force expressive ou iconique de l’idéophone d’origine, activant ainsi en sourdine l’imagination sonore, voire visuelle et émotionnelle, du lecteur-déchiffreur dans un environnement du tout-à-l’image. Or, c’est là une des spécificités, un des attraits du manhwa et de ses idéophones. Lorsque ces stratégies ne suffisent pas, la solution que nous proposons est le simple report si l’on « dessine » le sens, l’évoquant par sa disposition graphique (calligrammes).