2016
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Drogues, santé et société ; vol. 15 no. 1 (2016)
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Michel Gandilhon, « La cocaïne, une marchandise mondialisée », Drogues, santé et société, ID : 10.7202/1037782ar
Si le cannabis et les drogues de synthèse sont consommés aujourd’hui sur tous les continents, nulle substance n’incarne mieux la mondialisation de l’usage de drogues, et la mondialisation tout court, que la cocaïne. Elle symbolise en effet, du fait de son statut de drogue de la performance et de l’insertion, un certain esprit du temps marqué par le culte de la compétition. Le développement de sa consommation à l’échelle de la planète à partir des États-Unis est d’ailleurs contemporain de la fantastique accélération des échanges commerciaux provoquée notamment par l’émergence de la Chine et l’intégration de l’ex-Empire soviétique au marché capitaliste mondial. Dès lors, les flux de son trafic épousent les grandes voies commerciales maritimes par l’entremise notamment des porte-conteneurs, tandis que l’usage, autrefois apanage des « élites » occidentales, se démocratise et touche de plus en plus les consommateurs des pays de l’ex-Tiers-Monde. Comme le téléphone portable, la cocaïne est aujourd’hui un des marqueurs de l’entrée dans le monde de la consommation de masse.