2016
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Études françaises ; vol. 52 no. 3 (2016)
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Julien Marsot, « Ghil « hors de l’oubli où la voix de Mallarmé relègue aucun contour » », Études françaises, ID : 10.7202/1038057ar
René Ghil s’est très tôt positionné comme disciple de Mallarmé à partir d’une audition unique de L’après-midi d’un faune dans le cadre d’une lecture publique de 1884. À partir de cette « mésécoute » inaugurale de Mallarmé et des connaissances partielles qui étaient les siennes, il entreprendrait le développement d’une conception matérialiste et « réaliste » de la sonorité vocale, médiatisée par une référence à l’impressionnisme. Suivant en ce sens plutôt les gloses au poème de Huysmans et de Mendès, l’errance théorique de Ghil ferait craquer l’armature à quatre mains du Traité du verbe (1886), et ce, puisque l’« Avant-dire » donné par Mallarmé à l’opuscule inverse plutôt point par point l’art vocal trans-esthétique du disciple, en le déplaçant sur le terrain linguistique et poétique. On lira donc dans le Traité du verbe un double « double état » de la parole : celui de Ghil qui oppose l’écriture silencieuse à la voix musicalement sonore, et celui de Mallarmé qui institue un distinguo entre modes énonciatifs et genres de discours pour valoriser la « notion pure » portée par la voix musicale et suggestive « idéelle » du poème.