L’intériorisation des normes : Une analyse discursive des pratiques dépilatoires des femmes à Montréal

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2016

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Anthropologie et Sociétés ; vol. 40 no. 3 (2016)

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Cassandre Ville, « L’intériorisation des normes : Une analyse discursive des pratiques dépilatoires des femmes à Montréal », Anthropologie et Sociétés, ID : 10.7202/1038644ar


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Le rasage et l’épilation font partie du quotidien de nombreuses femmes. La pilosité revêt plusieurs significations. Son absence est une manière de signifier sa féminité, sa beauté, mais aussi de maîtriser l’image de soi que l’on présente aux autres. Cette norme sociale du glabre féminin apparaît comme une contrainte quotidienne que les femmes continuent malgré tout d’accepter. Cette analyse discursive regroupant une quinzaine d’entrevues explore la perception qu’ont les femmes de leur corps, de leur pilosité et de leurs pratiques. L’agentivité des femmes se révèle être limitée. L’image du corps féminin glabre est intériorisée et façonne les jugements de ces femmes. La norme du lisse induit chez elles des comportements d’autosurveillance en imprégnant leurs désirs et leurs émotions. Certaines s’opposent à cette guerre contre les poils des femmes et revendiquent leur droit de choisir en conservant leur pilosité. Si ce geste symbolique conteste le pouvoir des autres sur le choix des unes, leurs actions ne sont pas isolées, et cette décision politique semble correspondre, elle aussi, à une norme sociale. En revanche, celle-ci est minoritaire et généralement réprimée.

Depilatory practices are mundane for the substantial majority of women. Hair has a strong symbolical value and manifold signification. Its absence is a way to state femininity and beauty but it is also a proof of control over one’s social image. If this social norm seems to be binding, it does not make women stop removing their hair. This discursive analysis is based on fourteen interviews. It explores the women’s perception of their own body, their hair and their shaving or hair removal practices. The agency of these women appears to be limited. The idealised image of a hairless and uniform feminine body is interiorised and shapes women’s judgements and preferences. This norm causes self-monitoring by pervading these women’s wishes and emotions. Some refuse to be told how they have to take care of their own bodies. They refuse to depilate and thus claim their freedom of choice. This symbolical act challenges the imposition of others’ preferences on women’s choices. Despite this political statement, the action of not shaving is not isolated and still tied to a social norm. However, this norm is marginal and repressed in our contemporary society.

El afeite y la depilación forman parte de la vida cotidiana de muchas mujeres. La pilosidad reviste varios significados. Su ausencia es una manera de significar su feminidad, su belleza pero también de controlar la imagen de sí-mismo que se presenta a los otros. Esta norma social de lo lampiño femenino se presenta como una coacción cotidiana que las mujeres continúan, a pesar de todo, de cumplir. Este análisis discursivo que reagrupa quince entrevistas explora la percepción que las mujeres tienen de sus cuerpos, de su pilosidad y de sus prácticas. La agentividad de las mujeres muestra estar limitada. La imagen del cuerpo femenino lampiño se interioriza y da forma a los juicios de dichas mujeres. La norma de lo suave induce en las mujeres comportamientos de auto-vigilancia que impregnan sus deseos y sus emociones. Algunas se oponen a esta guerra contra los pelos de las mujeres y reivindican su derecho a escoger al conservar su pilosidad. Si este gesto simbólico rechaza el poder de los otros sobre las opciones propias, sus acciones no están aisladas y esta decisión política parece corresponder, también, a una norma social. En cambio, esta posición es la de una minoría y es siempre reprimida.

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