2017
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Études françaises ; vol. 53 no. 1 (2017)
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Micheline Cambron, « Gilles Marcotte, Montréaliste », Études françaises, ID : 10.7202/1039562ar
Cet article s’attache aux divers sens et usages liés dans oeuvre de Gilles Marcotte à Montréal comme lieu polymorphe, à la fois thème et structure, temps et espace. Proche en cela de la notion d’« espace habité » de Michel de Certeau, l’idée selon laquelle on écrit et lit différemment selon les lieux est déjà présente dans La littérature et le reste et réunit les essais du volume Écrire à Montréal. Dans l’oeuvre de Marcotte, ville et écriture se rejoignent dans une commune ouverture aux possibles, dans la pluralité et le mélange, et la radicalité du partage du sens qu’ils induisent. En témoigne le rôle heuristique de Montréal qui apparaît dans Le roman à l’imparfait tandis que d’autres textes de Marcotte, notamment sa contribution à Montréal imaginaire, montrent que le désordre montréalais trouve plutôt à loger dans les oeuvres faiblement légitimées de la littérature populaire ; mystères urbains, récits journalistiques, romans obscurs. Les villes, dans l’oeuvre essayistique, critique et fictionnelle de Gilles Marcotte, n’ont pas la fermeté ontologique qu’une conception réaliste tendrait à leur attribuer, elles relèvent plutôt du mouvement de l’esprit qui les fait advenir dans l’ordre du discours et sont indissociables du projet intellectuel qu’elles manifestent. Ce faisant Gilles Marcotte rend la ville habitable.